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L'écho du passé
Publié dans Liberté le 25 - 10 - 2009

Résumé : Chahira passe une première nuit dans la boîte. Au petit matin, elle rencontre d'autres femmes qui, comme elle, venaient d'être recrutées. Les plus âgées se permettaient de la taquiner.
54eme partie
Je tressaillis, me rappelant tout d'un coup, que j'étais là pour un travail. Un travail qui n'avait rien de reposant. Nous étions à la merci de n'importe qui, n'importe quand.
La femme reprend :
- Il ne faut pas avoir peur. Tu t'appelles comment ma petite ?
J'hésitais, puis lançais :
- Le patron m'appelle Myriam.
- Joli prénom. Cela te va bien.
- Je…. je ne sais pas comment vous travaillez. Est-ce que tous les soirs vous descendez au salon ?
Elles se regardèrent, puis la même femme me répond :
- On t'a rien dit, hein ?
- Non. Pas encore. Je dois voir le patron aujourd'hui.
- Eh, bien ma petite, c'est à lui de décider pour toi. Tu vas avoir ton emploi du temps comme nous toutes.
- Cela veut dire ?
- Cela veut dire que tu travailleras les jours de semaine qu'il jugera nécessaire de t'affecter. Sinon, quand tu seras plus ancienne, il te réservera pour les week-ends spéciaux et certaines occasions officielles.
Je ne comprenais pas grand-chose à ce qu'elle racontait, mais une chose était certaine, je ne pouvais plus faire marche arrière. J'étais coincée dans cette boîte désormais, et même sans cela, je n'avais pas le choix. Je n'avais aucun papier sur moi, ni personne chez qui me rendre. Alors je n'avais qu'à me tenir tranquille et à recevoir docilement les ordres du “colosse”, comme on l'appelait dans ce milieu. Et c'est comme ça, Kamel, que je devins Myriam. Avec une fausse carte d'identité où est mentionné le nom de Houria D. J'ai, bien entendu, signé un contrat d'engagement, et je me suis soumise à tous les ordres reçus. Comme je ne suis plus une bleue, nous avons décidé moi et deux autres filles de louer un appartement loin de hôtel et de cohabiter. Cela nous permettait de ne pas être dérangées à tout moment. Quand nous avons des journées libres, nous profitons pour nous reposer, nous laver et faire le ménage. Mais je pense qu'avec un peu de chance, et les quelques économies que j'ai pu mettre de côté, je vais partir loin d'ici.
- Où ça ? demande Kamel.
- Je ne sais pas encore. Peut-être dans l'Ouest.
- Pourquoi ne tentes-tu pas de renouer avec ta famille ? Après tout, ton père et ta mère ne vont pas te renier, tu es leur fille.
Chahira pousse un long soupir :
- Mon père et ma mère… Ah ! Kamel, je leur ai fait tant de mal que j'ai honte de me rappeler leur existence. Mes pauvres parents ont trimé dur pour me donner une bonne éducation et m'instruire, et voilà que je deviens la fille indigne et ingrate, qui est partie sans prévenir et qui a fini en tôle.
- Savent-ils que tu es rentrée ?
- Non, je ne le pense pas. Je n'ai pas eu de leurs nouvelles depuis des années. Je crois qu'ils se sont installés à Blida.
- Pourquoi ne cherches-tu pas après eux. Eux seuls peuvent t'aider à sortir de ce gouffre où tu t'ai enroulée.
- Voudront-ils encore de moi ?
- Essaye. Tu n'as rien à perdre en les contactant.
Y. H.
(À suivre)


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