L'une des complications majeures des infections urinaires à répétition, dont souffrent les personnes qui ont des vessies neurologiques, est l'atteinte rénale. Liberté : Pouvez-vous nous expliquer le processus qui conduit à cette aggravation ? Cela mènera-t-il fatalement vers l'insuffisance rénale ? Dr Boukheloua : L'incontinence urinaire est définie tout simplement comme étant une perte involontaire d'urine par l'urètre. Elle se traduit par l'inadéquation entre les forces de retenues des urines par l'urètre et les pressions exercées par les mêmes urines à l'intérieur de la vessie. Plusieurs causes peuvent être à l'origine de cette incontinence urinaire et le siège de l'atteinte initiale est variable : l'atteinte peut siéger au niveau même de l'urètre (le cas des traumatismes, ménopause, radiothérapie, ablation totale de la prostate). Elle peut siéger au niveau de la vessie (le cas des tumeurs). Elle peut être d'origine neurologique (sclérose en plaque) ou psychiatrique (démence sénile). L'infection urinaire est quasi présente dans l'incontinence urinaire. Son diagnostic est très simple et repose sur une enquête étiologique en plus des examens cytobactériologiques des urines. Quand ces infections à répétition sont mal traitées et/ou négligées, elles peuvent causer des dégâts non négligeables au niveau de l'arbre urinaire (et urogénitale chez la femme). Le rein, à la longue et en l'absence de traitement approprié, va s'infecter. C'est l'hydronéphrose, qui s'aggrave en une véritable atteinte du tissu rénal par la pullulation microbienne qui peut conduire à l'Insuffisance rénale, qui elle-même peut évoluer vers le stade terminal. Conséquences : accumulation des déchets toxiques au niveau du corps et c'est les complications métaboliques qui peuvent mettre le malade en danger de mort. Quelles sont les autres causes les plus fréquentes de l'insuffisance rénale ? Actuellement, les causes les plus fréquentes de l'insuffisance rénale sont le diabète et ses complications, l'hypertension artérielle, les affections cardiaques, les cancers, les infections urinaires à répétition, les lithiases rénales, les maladies rénales congénitales… La prise en charge des insuffisants rénaux est-elle efficace en Algérie ? Le cas échéant, où situez-vous les défaillances ? Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le domaine de la prise en charge des insuffisants rénaux, surtout ceux en phase terminale qui sont traités par dialyse. Nous noterons ici le développement du protocole de traitement des dialysés par l'apport d'un liquide tampon “Bicarbonate” en lieu et place du tampon existant “Acétate”, les capillaires de dialyse synthétiques de haute perméabilité et stérilisées à la vapeur d'eau et l'hormone “EPO” qui traite l'anémie de l'insuffisant rénal ont nettement changé la qualité de vie du malade. Il n'en demeure pas moins que la fistule (anastomose entre une artère et une veine), obligatoire pour dialyser, reste payante par le malade (20 000 à 35 000 Da). L'absence de l'hormone de croissance pour les enfants dialysés, un suivi pluridisciplinaire sérieux et efficace des complications suite à la dialyse et enfin la greffe rénale qui, malgré la disponibilité du plateau technique et la maîtrise de l'acte, n'a pas encore démarré à la vitesse espérée. À noter aussi l'arrêt des travaux de l'Institut national du rein, sis à Blida, projet initié par le président de la République, il y a quelques années, qui ne sera sûrement pas livré dans les délais escomptés. Quels sont les principaux obstacles qui freinent la greffe rénale ? À mon avis, l'obstacle principal est l'absence de la volonté politique et le non-accompagnement du politicien à différent niveau dans l'élaboration de ce projet qu'est la greffe rénale.