Les Algériens “font fausse route”. S'éloignant des sentiers de la diplomatie et de la retenue, le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli, s'était autorisé le mois dernier ce commentaire au sujet des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire. Il ne s'exprimait pas dans la rue mais dans l'enceinte du palais Bourbon, siège de l'Assemblée nationale où il était interrogé par un député très soucieux des intérêts de son pays visiblement bousculés par la LFC. S'il s'agissait de faire revenir l'Algérie sur ses décisions, on ne peut pas s'y prendre plus maladroitement. Et si les entreprises françaises devaient souffrir en ces temps de crise, ce sera en raison de ces déclarations aussi incongrues qu'intempestives. L'ambassadeur d'Algérie à Paris, Missoum Sbih, a pris prétexte d'un forum organisé hier par le Reage (Réseau des étudiants algériens des grandes écoles et universités de France) Paris pour faire connaître sa réponse. “Fausse route ?” a-t-il interrogé. Et de livrer son appréciation. “Une telle déclaration, outre qu'elle ne respecte pas notre souveraineté et nos choix, est incompatible avec l'esprit de partenariat et jette un trouble sur la véritable nature des rapports que l'on veut établir avec notre pays”. Autrement dit : que veut la France ? M. Sbih a voulu donner un aspect solennel à sa déclaration en organisant une ouverture officielle du forum en présence de nombreux hommes d'affaires algériens et français. Expliquant les mesures prises par l'Algérie, il a rappelé que le pays n'a pas été épargné par la crise. Il était donc de son devoir de prémunir son économie comme l'ont fait les puissances qui n'ont pas hésité à recourir aux finances publiques quitte à passer pour de redoutables protectionnistes. L'Algérie “n'a pas innové et les mesures qu'elle a prises sont aussi légitimes que celles adoptées par les autres pays”. Ces pays, selon lui, ne sont pas encombrés de complexes, de scrupules pour prendre des “mesures de caractère exceptionnel qui ont ébranlé les fondements même de l'économie de marché”. Et à la face de la planète, les dirigeants qui ont pris ces mesures ont affiché le “sentiment du devoir accompli” proclamant qu'ils étaient sur la “bonne voie”. La France et son secrétaire d'Etat au Commerce ont fait “fausse route” en n'acceptant pas les mesures de l'Algérie.