“Je n'ai jamais vu autant de drapeaux de mon vivant et autant d'effervescence. C'est la même ferveur que le 5 juillet 1962 lorsque, âgé de 19 ans, j'ai défilé à Tlemcen sur la place de la mairie, aujourd'hui baptisée Emir-Abdelkader, arborant fièrement les mêmes couleurs nationales. J'ai la chair de poule.” Ce sont là les propos tenus par ce septuagénaire prénommé Miloud, ancien moudjahid, habitant la banlieue de Tlemcen, qui rappelle-t-il, s'entraînait au ballon dans le stade de la “MTO” aménagé aujourd'hui en complexe sportif, avant de rejoindre le maquis en 1958. À ses côtés, des milliers de supporters dont une bonne proportion formée par la gent féminine, venus de tous les quartiers se sont littéralement emparés de la rue pour manifester leur joie à la suite de la qualification de l'équipe nationale pour la Coupe du monde en Afrique du Sud. Jamais ambiance partagée du reste à travers tout le territoire national n'a été aussi exceptionnelle que cette soirée du mercredi avec cris, chants à tue-tête, klaxons des voitures, bus et camions, youyous stridents des femmes juchées sur les balcons, danses populaires, bruits assourdissants des motos slalomant à travers la ville sous l'œil tolérant des policiers, feux d'artifice et fumigènes. Explosion de joie également dans la ville marocaine d'Oujda où réside une forte communauté algérienne. Nos ressortissants ont fait la fête juste après le coup de sifflet final de la rencontre. Joints par téléphone à Oujda, ville frontalière avec Maghnia, des supporters algériens affirment avoir défilé drapeaux en tête, avec à leurs côtés de nombreux Marocains qui estiment que la victoire de l'Algérie est celle de tout le Maghreb, surtout après l'élimination de la Tunisie et du Maroc au Mondial-2010. Mettant en veilleuse les divergences qui opposent l'Algérie au Maroc à cause de la question du Sahara occidental, les Marocains qui ont suivi de bout en bout la rencontre retransmise en direct sur les quatre chaînes de l'Entv, se sont spontanément mêlés aux Algériens pour exprimer leur solidarité avec l'équipe nationale qui doit à présent défendre dans la capitale de Mandela les couleurs de tout le Maghreb arabe. Cette grande fiesta unique en son genre et qui n'a d'égal que celle du recouvrement de l'indépendance nationale, a cependant été à l'origine de plusieurs accidents de la circulation vu le nombre impressionnant de véhicules sillonnant à toute vitesse les artères de la ville sans aucun respect du code de la route, ce qui a été à l'origine de l'admission au service des urgences de blessés légers rejoints aussi par des personnes sensibles prises en charge par le service cardiologie.