Conscient que le confessionnalisme politique constitue une des raisons du blocage de la vie politique dans son pays, le chef de l'Etat libanais, Michel Sleimane, a annoncé son intention de l'abolir. Voilà une entreprise hardie, qu'il lui sera très difficile de concrétiser tant la religion occupe une place importante chez les politiques et le peuple libanais. Au Liban, les sièges au Parlement, ainsi que les principaux postes de l'Etat sont répartis entre les principales religions en fonction de leur importance. Idem pour les postes au sein de la Fonction publique. Ainsi, les chrétiens maronites, les musulmans chiites et les musulmans sunnites, qui constituent les trois communautés les plus importantes sur le plan démographique, se répartissent les postes-clés du pouvoir. Devant ce constat, le nouveau président libanais, le général Michel Sleimane d'y remédier pour qu'il y ait une plus grande participation de tous les Libanais à la vie politique. Dans cette perspective, il a annoncé hier dans une allocution télévisée à l'occasion de la célébration du 66e anniversaire de l'indépendance du pays, la mise en place d'un comité qui travaillerait à l'abolition du confessionnalisme politique. “Pour favoriser une vaste participation (à la vie politique), il est nécessaire de mettre en place un comité national chargé d'abolir le confessionnalisme politique”, a affirmé le président. Ne s'arrêtant pas à ce stade seulement, Michel Sleimane est déterminé à s'attaquer à un autre sujet tout aussi important, à savoir la loi électorale. Il proposera dans la foulée de “changer la loi électorale pour les législatives afin d'obtenir une meilleure représentation et redonner aux expatriés leurs droits dont le droit à la nationalité et le droit au vote”. Conscient que la “condition indispensable” à cela est “le consensus bien entendu”, il indiquera que “toute réforme ou changement doit servir l'objectif de l'édification de l'Etat”. Michel Sleimane emboîte le pas au président du Parlement, Nabih Berri, a de nouveau proposé récemment la mise en place d'un comité chargé d'abolir le confessionnalisme politique, une requête défendue par les chiites, qui constituent la plus importante des 17 communautés confessionnelles du Liban. De leur côté, les chrétiens veulent que les expatriés, en majorité chrétiens, obtiennent le droit de vote. Au pouvoir depuis près d'un an et demi, le chef de l'Etat libanais a aussi souligné dans son discours que “les relations libano-syriennes avançaient et étaient sur la bonne voie, après l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays”. En effet, après des années de tensions, suite à l'assassinat du chef du gouvernement libanais, Rafic Hariri, le Liban et la Syrie, qui avait exercé pendant près de trois décennies une tutelle chez son petit voisin, ont établi des relations diplomatiques le 15 octobre 2008 pour la première fois depuis la proclamation de leur indépendance il y a plus de 60 ans.