Au vu des dépassements inadmissibles des dirigeants égyptiens, qui s'arrogent le droit de déterminer qui est arabe et qui ne l'est pas, en affirmant que les Algériens ne le sont pas, le sujet de l'appartenance à cette “nation arabe” est plus que jamais d'actualité, d'autant plus que la plupart des Algériens se sont déclarés fiers de leur origine amazigh. Bien que la question de l'arabité de l'Algérie soit demeurée longtemps taboue dans notre pays, cette crise déclenchée par l'Egypte pour un match ou deux de football, remet au goût du jour la question de l'appartenance à la Ligue arabe. En effet, le moment semble venu de repenser cette instance, qui n'est en fait qu'un outil entre les mains des Egyptiens, pour imposer leur leadership aux vingt-deux pays, qui en sont membres. Si l'on excepte l'intermède, du Tunisien Chadli Klibi, qui avait assuré le secrétariat général de la Ligue arabe pendant la durée où le siège avait été transféré à Tunis, suite à ce qui avait été considéré comme la “haute trahison de l'Egypte” vis-à-vis de la cause palestinienne et de la nation arabe, à savoir les accords de paix séparés signés en 1977 à Camp-David par Anouar Es-Sadate et Menahem Begin, cette organisation régionale a toujours été entre les mains des Egyptiens. L'Algérie, qui ne gagne rien à en être membre, est cependant la première à honorer ses engagements financiers que ce soit pour venir en aide à l'Autorité palestinienne ou de la contribution au budget de fonctionnement, alors que d'autres le font tardivement ou jamais. Il faut rappeler la levée de boucliers de la part des Egyptiens, lors du Sommet de la Ligue arabe d'Alger, lorsqu'il a été question de réformer cette instance en mars 2005. Ils ont tout fait pour repousser l'opération aux calendes grecques, car estimant que le siège et le secrétariat général de la Ligue arabe leur revenait de droit. Avec le concours de leurs hommes de main, ils ont réussi à reporter les réformes, qu'ils évitent d'évoquer à chaque réunion. Ceci étant, la Ligue arabe n'est en fait que la concrétisation des idées de panarabisme nées des manipulations de l'officier britannique, Laurence d'Arabie, dont l'objectif n'était que de défendre les intérêts de la couronne face aux autres concurrents, notamment la France. Géographiquement parlant, les Arabes sont le peuple qui habitait la presqu'île arabique, qui s'étend du Yémen au sud au Hidjaz au Nord. Alors que l'Egypte, qui se prétend dépositaire de l'arabité, était la terre des “Pharaons”, et des Coptes par la suite, avant l'arrivée des musulmans avec à leur tête Amr Ibn Al-Aas au septième siècle. C'est dire qu'en termes d'origine, les Egyptiens ne peuvent en aucun prétendre être des Arabes authentiques, car ils ne sont que le résultat d'un brassage de races, au même titre que les autres peuples d'Afrique, comme notamment les Amazighs (Berbères) qui peuplaient la partie septentrionale, allant de la Cyrénaïque à l'Atlantique. L'islam est venu arabiser les habitants de toutes ces régions. Alors comment se fait-il qu'aujourd'hui les Egyptiens viennent, toute honte bue, se proclamer leaders du monde arabe, dont ils trahissent la plus noble cause, la Palestine, en devenant les premiers à faire la paix avec l'Etat d'Israël avec échange d'ambassadeurs. Ils s'érigent en donneurs de leçons, après avoir été mis au ban de la société par la majeure partie des chefs d'Etat arabes durant plus d'une décennie. Mieux, les Egyptiens s'emmitouflent dans leur complexe de supériorité, d'“Oum Edounia” (mère du monde) pour tenter d'arracher des privilèges, comme cela a été revendiqué dernièrement par leur ancien footballeur international, Brahim Hassan. Il est arrivé au point d'exiger des couloirs spéciaux pour ses compatriotes dans les aéroports des pays arabes, pour qu'ils ne passent pas avec le reste des passagers en signe de gratitude et de remerciement pour ce que fait l'Egypte pour le monde arabe. En fait, que fait l'Egypte pour les Arabes ? Rien, si ce n'est profiter au maximum des postes qu'occupent ses fonctionnaires au sein de cette instance, et bloquer toutes les résolutions progressistes. D'ailleurs, le premier chef d'Etat à avoir imposé la langue arabe et le leader de la cause palestinienne au siège des Nations unies à New York est le défunt Houari Boumediene, chose qu'aucun autre dirigeant arabe n'avait osé tenter avant lui. Les seules fois où des décisions courageuses ont été prises au sein de la Ligue arabe, c'est lors des sommets qui se sont déroulés hors de l'Egypte. Il est temps de repenser et de réformer cette Ligue arabe, qui ne profite qu'à certains au détriment des autres. Les Egyptiens n'en ont que trop profiter depuis 1945.