Neuf jours sont déjà passés depuis l'historique bérézina des Pharaons à Oum Dourman et les Egyptiens, homme de la rue, médias, classe politique n'arrivent toujours pas à digérer la frustration de la défaite. Les chaînes de télévision, Dream Twoo à la pointe de l'attaque, continuent de casser à bon compte de l'Algérien. Le but recherché : entretenir l'animosité et étouffer les rares voix qui appellent à raison garder. Dans un tel climat, la perspective d'un retour à la normale paraît illusoire. En tout cas, le très officiel Al Ahram, citant Hossam Zaki, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, écarte pour le moment le retour de Abdelaziz Seif Nasr, l'ambassadeur égyptien à Alger, rappelé jeudi par Le Caire dans la foulée du délire qui a suivi la défaite des hommes de Shehata. “Le retour de l'ambassadeur est conditionné par l'élimination des causes qui sont à l'origine de sa convocation, la question déprendra de l'appréciation politique qui décidera du moment de sa reprise de fonctions. Pour l'heure, c'est le chargé d'affaires qui représente les intérêts égyptiens à Alger”, lit-on dans El Ahram, qui cherche ainsi à faire croire à l'opinion égyptienne que “les conditions” d'une représentation normale ne sont pas réunies. En revanche, Abdelkader Hadjar, notre ambassadeur au Caire, est devenu persona non grata. Depuis le début de la crise, les médias du Nil ont cristallisé leur haine sur sa personne, tout en réclamant à cor et à cri son renvoi. Hadjar, considéré en Algérie comme le porte-étendard de l'idéologie arabo-baathiste, est quotidiennement au menu des talk-shows qui ne tarissent pas “d'éloges” sur lui. On lui reproche même de ne pas maîtriser la langue arabe. Un comble. Mais pour l'heure, les autorités égyptiennes, tout en cautionnant cette croisade anti-Hadjar, hésitent à franchir le pas qui consistera à le renvoyer à Alger. Ce qui équivaut dans les usages diplomatiques à un prélude à la rupture des relations diplomatiques. Cette retenue officielle à l'égard de notre ambassadeur qui, il faut le lui reconnaître, aura tout fait pour calmer les choses, est largement contrebalancée par le flots d'insultes que continuent à déverser les “people” égyptiens sur l'Algérie, son peuple, son identité. Même Adel Imam (y a adjaba !) y est allé de son refrain sur un ton méprisant demandant aux Algériens de reconnaître la grandeur de l'Egypte. Qu'un tel intellectuel, pour qui les Algériens ont du respect, se laisse entraîner dans le tourbillon de la diffamation est pour le moins désolant. Et dans un tel climat délétère savamment entretenu par la famille Moubarak, qui a vu son projet politique exploser par le missile de Antar Yahia, il paraît difficile de voir les tentatives de médiation entre Alger et Le Caire aboutir. L'initiative du fantasque Al-Kadhafi, toujours à l'affût de la moindre bisbille pour se donner une visibilité, n'est pas le bienvenu pour le moment. Il faut laisser du temps au temps pour que nos “frères égyptiens” retrouvent leurs esprits.