Des projets de Sonatrach et Sonelgaz ont connu un ralentissement dans les travaux à cause de ces départs impromptus. La victoire méritée des Verts à Khartoum a eu des répercussions inattendues sur le secteur de l'énergie. En effet, un haut responsable de Sonatrach a indiqué que 1 500 travailleurs égyptiens ont quitté le pays, suite à la dégradation des relations entre l'Algérie et l'Egypte. Ces salariés travaillaient principalement dans les chantiers du complexe d'urée et d'ammoniac à Arzew, du complexe de gaz naturel liquéfié (GNL) de Skikda, de la mégacentrale électrique de Terga à Aïn Témouchent. Des projets qui coûtent chacun pas moins de trois milliards de dollars. La même source a ajouté que les travaux à Arzew tournent actuellement à 75%. Un haut responsable de Sonelgaz a également confirmé ces départs massifs de travailleurs égyptiens et un ralentissement des travaux dans le chantier de Terga. Il y a un retard de 15 jours dans les travaux, a-t-il ajouté, un effet du différend entre les deux pays. Mais selon ces deux sources, Sonatrach et Sonelgaz ne s'en inquiètent pas. “On peut aisément remplacer cette main-d'œuvre.” La première source a ajouté que Sonatrach peut recourir aux Philippins. Les deux dirigeants ont tenu à souligner que Sonatrach et Sonelgaz ne sont pas responsables des retards. Ces glissements dans les délais sont rattrapables, selon ces sources. C'est aux entreprises de réalisation de remplacer les Egyptiens et d'accélérer les travaux pour respecter les délais. Il faut savoir que pour le complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew en partenariat avec l'égyptien Orascom, c'est l'entreprise allemande Uhde qui a recruté le personnel égyptien pour la construction des installations. Pour le complexe Gnl de Skikda, l'américain Kbr qui a décroché le contrat de réalisation a choisi comme sous-traitant l'égyptien Orascom Construction, propriété de la famille Sawiris. Concernant la centrale électrique de Terga d'une capacité de 1 200 MW, le français Alstom, détenteur du contrat, a également choisi la société égyptienne pour la construction des installations. Ce qui inquiète, à notre sens, ce n'est pas le départ de milliers d'Egyptiens, car l'Algérie a assez de ressources humaines pour faire face à cette situation, mais le déséquilibre dans les relations économiques entre les deux pays. L'Algérie a ouvert largement son marché aux sociétés égyptiennes, sans contrepartie, à l'exception de la présence de Sonatrach dans l'exploration d'hydrocarbures dans l'offshore égyptien. De gros marchés se comptant en centaines de millions de dollars ont été attribués à des sociétés égyptiennes, alors que des entreprises algériennes, si elles sont soutenues, peuvent effectuer le même travail. Sonatrach compte des filiales comme GCB, Enac, GTP qui ne demandent qu'à être développées. Par ailleurs, quitte à le rappeler, l'ingénierie locale a été “cassée” au profit de sociétés étrangères. Aujourd'hui, la dégradation des relations entre les deux pays présente une opportunité pour réhabiliter l'entreprise algérienne et offrir des emplois aux nationaux, quitte à ce qu'ils se forment pour acquérir les qualifications dans les métiers où l'Algérie enregistre un déficit.