Comment contribuer à stabiliser les populations pour juguler l'immigration ? La question a longtemps été prise en charge par des politiques qui en font un argument de campagne, notamment par des différentes droites européennes qui ont recours aux clichés et stéréotypes, mais surtout les premières victimes des temps de crises économiques. Cette tendance s'est exacerbée avec l'actuelle crise financière mondiale. L'alternative ? Aider le potentiel migrant à rester dans le continent avec la mise en place de programmes de développement. Vœu pieux ; la crise aidant, aucune démarche palpable n'a été entreprise. Aux Africains alors, gouvernements et organisations d'apporter les véritables réponses. C'est entre autres l'objet de l'atelier sur “le rôle de l'entreprise dans le processus de migration” organisé à Alger (du 7 au 9 décembre) par le CGEA avec le bureau Afrique du BIT, le bureau de l'OIT à Alger. “Il s'agit de mener une réflexion pour voir quelle réponse apporter à la question de la migration”, explique d'emblée M. Megateli, secrétaire général de la CGEA. Certes, reconnaît-il, comme l'a bien relevé le représentant du ministère du Travail, bien des dispositifs pour l'emploi et la création d'entreprises ont été mis en place en Algérie, il n'en demeure pas moins, a-t-il noté, ceux-ci souffrent de lacunes. D'ailleurs, les résultats obtenus sont en deçà des attentes. Ils ont toutefois impressionné les représentants de l'Organisation internationale des employeurs (OIE) et du BIT, Frederick Muia et Patricia Myriam Isimat-Mirin. “C'est un cas d'école, nous allons diffuser cet exemple (algérien) à travers le monde”, dit Patricia Isimat-Mirin. En l'absence de passerelles entre l'école et le monde de l'entreprise, qui est à l'origine de certains échecs de la démarche gouvernementale, la CGEA propose “un parrainage des jeunes”, leur accompagnement avant de se lancer dans la création de leur entreprise. Car, a estimé M. Megateli, le traitement de la question de l'emploi doit être économique et non pas social. L'emploi des jeunes doit venir en appoint. Il n'a pas raté l'occasion de remettre en cause la manière avec laquelle a été ouvert le marché algérien et la bureaucratie qui entoure la création d'entreprises. Autant d'insuffisances à combler et un ordre à mettre dans l'anarchie de l'ouverture insensée. Surtout que la crise financière actuelle a poussé tous les Etats à adopter le protectionnisme. Travailler avec les gouvernements pour créer les conditions de création d'entreprises, préconise M. Muia, qui estime que l'on devrait inévitablement passer par l'intégration économique régionale en Afrique qui est primordiale. En plus d'occuper un marché potentiellement porteur, cette stratégie s'inscrit dans la lutte contre le chômage et donc la stabilisation des jeunes et des compétences. Et M. Isimat-Mirin de répondre implicitement au discours stigmatisant l'immigration en disant qu'elle est à l'origine du monde, qu'elle est irréversible. Surtout que la mobilité économique induite par le développement et la quête de compétitivité l'accentuent davantage. M. Muia regrette enfin que les problèmes économiques soient traités de manière à faire ressurgir les racismes et les xénophobies dont sont victimes les ouvriers migrants.