La ville de Bouira est constituée de 18 haouchs, appartenant à des privés, qui s'étendent sur une superficie de plusieurs hectares. On y trouve pas moins de 120 familles qui vivotent dans des conditions difficiles. Pour la plupart, elles possèdent une seule chambre avec des toilettes communes. Ces familles endurent depuis des années des difficultés d'exiguïté, en plus du problème d'insalubrité. D'ailleurs, certains locataires avaient été relogés par l'Etat qui a décidé la démolition des lieux au vu du danger qui guettait les occupants. Actuellement, un programme pour la rénovation de la ville a été mis en place par les autorités, afin de redonner à l'ancienne ville un cachet moderne. L'exemple est venu de l'Etat qui a démoli les constructions menaçant effondrement, tels l'auberge de jeunesse, les locaux de la direction des impôts et tous les lieux relevant du domaine public. Actuellement, l'Etat est confronté à un autre problème pour concrétiser l'opération de rénovation, à savoir le problème des héritiers. Chaque haouch est la propriété de plusieurs héritiers. Parfois, on dénombre jusqu'à plus d'une cinquantaine de personnes. Les autorités sont confrontées donc au problème de représentativité. Le P/APC de Bouira Larbi Mohamed a eu affaire plusieurs fois à ce phénomène. “À plusieurs reprises, je reçois un groupe d'héritiers avec qui je discute sur les modalités et les conditions de démolition. Nous arrivons à un accord. Le groupe sort et d'autres héritiers arrivent pour remettre en cause tout ce qui a été convenu en me soulignant que les premières personnes reçues ne représentent qu'elles-mêmes. Cette situation ne nous laisse pas avancer dans le dossier.” Plusieurs formules ont été proposées aux propriétaires. “Soit ils procèdent eux-mêmes aux travaux de rénovation conformément au POS, soit ils vendent leurs terrains aux promoteurs ou créent un partenariat. Le troisième cas est que l'Etat prenne en charge les locataires et procède à la rénovation, tout en gardant les droits des héritiers en matière d'indemnisation”, affirme le premier magistrat de la ville de Bouira. “Des propositions qui ont reçu l'aval de certains héritiers et essuyé le refus d'autres.” Un autre projet et non des moindres butte contre ce phénomène, à savoir les travaux d'élargissement de la rue Ben-Abdallah en boulevard à double voie. D'anciens commerces longent la rue. Certains magasins menacent effondrement et d'autres activent dans des conditions de salubrité discutables. Les occupants sont pour la plupart des locataires qui paient un loyer très insignifiant. Cela exige des propriétaires une indemnisation d'évacuation des lieux actualisée alors que d'autres veulent se maintenir sur les lieux après la rénovation avec le même prix de location, chose que les propriétaires rejettent. Certains propriétaires veulent le beurre et l'argent du beurre. “L'Etat doit reloger les locataires et eux de récupérer le terrain”, proposent certains. “Niet”, répond le P/APC, “l'Etat relogera les locataires des haouchs si les propriétaires vendent leur propriété à la commune ou la remettent à l'Etat au même nombre de logements octroyés après rénovation”. En tout cas, le dossier patauge et les héritiers n'arrivent pas à désigner un représentant.