Le patron de la Centrale syndicale s'est voulu rassurant, estimant que 2010 sera l'année du SNMG sans l'article 87-bis et du code du travail en Algérie. LDans un discours fleuve prononcé lors de la troisième session du Conseil national du Syndicat national des enseignants universitaires (Sneu) qui s'est déroulée, hier, au Cerist de Ben Aknoun, le SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, a critiqué la France de Sarkozy. “Il faut voir ce que pensent les jeunes Français. Il faut se référer à Internet pour voir les dégâts du débat sur l'identité nationale que la France redécouvre en 2009. L'arrière-pensée est que ce sont nos émigrés qui sont directement visés. C'est un débat antidémocratique auquel nous assistons.” Estimant que notre élite devra faire face aux attaques externes qui ne cessent de pleuvoir sur l'Algérie, Sidi-Saïd n'a pas mâché ses mots pour reprocher aux syndicats américains de vouloir lui “infliger une leçon politique”. Aux yeux du patron de la Centrale syndicale, le puissant syndicat qui a soutenu ouvertement l'élection du président Obama a affiché une hostile attitude devant la position de l'Ugta de soutenir un troisième mandat de Bouteflika en avril dernier. “J'ai même vu un G20 syndical copié-collé au G20 des Etats et auquel des syndicats européens ont assisté. C'est vous dire que la mondialisation a changé la donne au monde des revendications. Et tout le monde s'est aligné. Mais quand ce sont nous qui le faisons, on nous sort les droits de l'Homme et tout le reste. Je refuse catégoriquement que l'Algérie soit représentée par telle ou telle organisation régionale ou internationale. Nous avons notre mot à dire et je l'ai dit au moment opportun avec clarté et fermeté.” L'orateur ira plus loin : “Citez-moi un seul syndicat au monde qui soutient actuellement Aminatou Haïder qui se bat pour son pays. Aucun évidemment !” dira-t-il comme pour mettre l'accent sur la nécessité d'organiser notre élite, de lui donner les moyens et de l'accompagner dans sa noble tâche. Remettant sur le tapis le principe du patriotisme économique, Sidi-Saïd dira, sur un air de dérision, que “je vous mets au défi d'exporter un kilogramme de tomate aux Etats-Unis d'Amérique. Quand il s'agit de leurs intérêts, Européens ou Américains, les syndicats bougent et gesticulent. La preuve, aucun de leur syndicat n'a osé manifester tout au long de la crise financière qui secoue encore leurs pays. Ces syndicats sont même consentants dans toutes les décisions hostiles à l'Algérie. Cette crise nous est salutaire, car elle nous a réveillés. Mieux, la victoire des Verts face à l'Egypte et ce que les Algériens ont subi au Caire viennent confirmer que, socialement, nous sommes soudés et éveillés. C'est pourquoi je refuse de parler de l'universitaire, mais de l'élite”. "L'élite algérienne est en panne" Le patron de la Centrale syndicale, devant des recteurs d'université, des directeurs d'institut et des membres du bureau national du Sneu, s'est longuement étalé sur la problématique de l'élite algérienne. “L'université est fermée sur elle-même. Les chercheurs achèvent leur thèse avec peur comme s'ils venaient de commettre un délit. Or, c'est à cette élite que revient le devoir de faire face aux vérités. Elle est exclue de toute initiative. Elle est marginalisée. Je dirai même que notre élite est en panne. Aujourd'hui, nous devons miser sur nos compétences, et je n'ai aucun complexe pour le dire, l'Algérie recèle l'une des meilleures élites au monde. Heureusement que l'université n'a pas de frontières pour vérifier comment nos compétences émergent à l'étranger !” déclare encore l'orateur aux syndicalistes du Sneu. Sidi-Saïd reviendra ensuite sur la Charte d'éthique et de déontologie universitaire qui, selon lui, devra faire l'objet d'un large débat et d'éviter des qualificatifs qui risquent de diminuer de la noblesse de la famille universitaire. Abordant les acquis du Sneu, Sidi-Saïd rappellera le versement des indemnités avec effet rétroactif depuis janvier 2008, le logement, mais aussi d'autres volets qu'il avait exposés au ministre chargé du secteur, Rachid Harraoubia, et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. “J'insiste sur le régime indemnitaire qui devra prendre en charge tous les aspects de notre élite. Y compris le téléphone, l'énergie, le micro-ordinateur et les déplacements. L'enseignant a besoin d'un meilleur environnement socioprofessionnel pour mieux évoluer et se consacrer à la recherche et non aux futilités. Je refuse, en 2009, qu'un universitaire fasse encore de l'autostop pour aller enseigner !” renchérit le patron de la Centrale syndicale. Un SNMG sans l'article 87-Bis et un code de travail en 2010 Sidi-Saïd s'est également attardé sur le SNMG et l'article 87-bis qui sera définitivement supprimé des clauses des négociations lors des prochaines tripartites. Comme il a insisté sur le régime de retraite qui sera revu de fond en comble. “Nous achèverons le travail en mars prochain, et j'ai même installé des groupes de travail pour prendre en charge l'étude de ces importants chapitres. Chaque acquis sera le vôtre ! Ces articles de loi que l'Etat avait institués dans les années 1990 ne trouvent plus de justificatifs pour qu'ils soient aujourd'hui applicables. Les lois transitoires, c'est fini ! À nous maintenant d'exiger une prise en charge effective de notre élite, car nous avons un tableau de bord. Surtout que le président Bouteflika a défini les pistes futures de ce que sera l'université algérienne dans peu de temps”, explique l'orateur qui a insisté, par ailleurs, sur le travail de fond du Sneu. Celui-ci, selon son chef de file, Messaoud Amarna, a atteint un chiffre record de plus de 12 000 adhérents sur les 32 000 enseignants, soit un taux de 40%. M. Amarna fera part également à Sidi-Saïd des contraintes auxquelles font face certains syndicalistes, comme ceux qui avaient payé de leur poche la billetterie d'avion pour venir à Alger. Sidi-Saïd réglera sur-le-champ le litige et, mieux, appellera les universitaires à le représenter dans des conférences internationales, et dont la thématique ne relève pas de son domaine. Une manière comme une autre de redéfinir le champ d'intervention de notre élite et de l'élargir au-delà de sa franchise universitaire. Signalons, enfin, que ce conseil devait déboucher sur une série de recommandations qui, selon M. Amarna, feront l'objet, de débats et de discussions afin d'assainir son organisation qui gagne davantage de terrain.