Elles étaient plus d'une quarantaine de femmes, certaines accompagnées de leurs enfants, à faire le pied de grue devant le siège de la wilaya d'Oran, hier matin. Venues tôt depuis Sidi Marouf, une localité à l'est d'Oran (commune de Sidi Chahmi), ces femmes entendent par cette action dénoncer leur condition de vie et revendiquer par là-même l'octroi d'un logement social. En effet, ces mères, qui resteront ainsi pendant des heures dans l'attente d'une hypothétique audience du wali, représentaient les 117 familles vivant au lieudit ex-Hôtel El Asnabi. Toutes exhibèrent des rapports des services d'hygiène recommandant l'évacuation des lieux. “La bâtisse est en ruine et menace de s'effondrer à tout instant. Nous vivons dans le danger permanent et l'insalubrité totale. Il n'y a ni électricité, ni eau, ni sanitaires. La plus petite famille est composée de trois enfants”, explique l'une des manifestantes. Fatiguées des promesses électoralistes, de l'annonce de nouveaux quotas de logements sociaux qui, à chaque fois, s'en vont vers d'autres destinataires, fatiguées de courir avec leurs dossiers de demandes depuis des années, ces femmes revendiquent du concret : “À chaque élection, on vient nous voir et on nous dit, vous avez le droit de vote, Aujourd'hui, trop c'est trop ! Nous revendiquons notre droit à un logement !” appuient plusieurs manifestantes. La commune de Sidi Chahmi ne dispose selon ses responsables que de 300 logements sociaux pour 3 000 demandes et doit orienter ces familles vers la wilaya et la daïra. Les autorités locales chaque fois mettent en avant les dizaines de faux demandeurs de logement qui viennent de partout squatter les lieux dans l'attente d'une attribution. Face à cet argumentaire, nos manifestantes répliquent : “En 1985, les occupants de l'époque ont eu des lots de terrain, depuis, plus rien, alors que de nouveaux occupants se sont installés. Certaines familles attendent et vivent là depuis plus de dix ans”, s'insurge la représentante des occupants de l'ex-Hôtel. Avec l'arrivée de l'hiver et des premières pluies, la wilaya d'Oran se retrouve à nouveau devant le dossier du déficit de logement social et, depuis quelques jours, les regroupements de citoyens se multiplient dans plusieurs communes.