L'Algérie sur la liste des 14 pays potentiellement terroristes ! En attendant que la lumière soit faite sur l'inclusion par l'Administration Obama de notre pays sur cette liste noire, la France, qui avait immédiatement emboîté le pas à cette décision, semble aujourd'hui s'interroger sur l'inscription sur cette liste infamante de son principal partenaire de la rive occidentale de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy n'a pas rejeté le listing de son homologue outre-Atlantique, mais le président français a, tout de même, essayé d'arrondir son suivisme atlantiste en rappelant le rôle précurseur de l'Algérie dans la lutte antiterroriste et les sacrifices consentis par les Algériens, les Algériennes et les forces de sécurité de leur Etat pour lutter contre un phénomène international d'origine à la fois endogène et exogène. Et, pour tous ceux, nombreux, qui ont la mémoire courte, sa victoire sur la barbarie, la population algérienne l'a arraché sans l'assistance d'aucun autre pays. Pas même des “frères” du monde arabo-musulman et encore moins de pays occidentaux, en même temps, il faut se garder de l'oublier ne serait-ce que par devoir de mémoire, cause et cible de l'islamisme radical. Plus est, les forces de sécurité algériennes n'avaient ménagé aucun effort pour le circonscrire dans nos frontières en veillant scrupuleusement à ce qu'il ne s'exporte pas chez nos voisins et même dans les capitales occidentales lesquelles pourtant avaient, au tout début, joué à fond la carte de l'islamisme radical. Les porte-parole des GIA et consorts ne se pavanaient-ils pas à Washington, Londres et, à un degré moindre, Paris ? C'est à partir de ces capitales que se propageait et s'alimentait l'islamisme violent, leurs experts, politologues et prospectivistes ayant prédit l'arrivée imminente au pouvoir d'islamistes dans le pays de la Révolution de Novembre, initiateur, par la suite, du Nouvel ordre mondial, qui n'a rien à voir avec le chaos de la mondialisation d'aujourd'hui. Le ministère français des Affaires étrangères s'est ainsi démarqué, symboliquement il est vrai, de la liste établie par le président américain concernant les ressortissants de pays à humilier chaque fois qu'ils entreront dans un pays occidental, après l'attentat raté du vol Amsterdam-Detroit le 25 décembre. Paris ne change rien à la liste incluant l'Algérie parmi les pays à risque mais prend soin de se rappeler quelques vérités concernant l'Algérie. La France, a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay n'a pas oublié “le combat douloureux mené par l'Algérie contre le terrorisme dans les années 90”, un combat, devait-il ajouter, faisant allusion aux activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans l'immense zone du Sahel saharien, qui n'est pas terminé. Et de saluer “la détermination de nos partenaires algériens à lutter contre le terrorisme”, réaffirmant la volonté de la France de continuer de travailler “en étroite coordination” avec l'Algérie. Il est difficile d'admettre que les nouvelles mesures ne sont dirigées contre aucun pays et ne stigmatisent aucune population, comme l'a indiqué le Quai d'Orsay. Et de s'interroger sur leurs objectifs réels. Pour Paris, dont le suivisme automatique est condamné en France même où des experts antiterroristes n'ont pas manqué de se demander ce que cette liste noire peut apporter de plus, le système de lutte contre le terrorisme étant bien meilleur qu'aux Etats-Unis, ne s'agit-il pas d'un simple alignement sur Washington pour faciliter l'entrée de Sarkozy dans les bonne grâces d'Obama ? Pour la capitale américaine, on retiendra seulement que cette liste est en porte-à-faux avec le discours du locataire démocrate de la Maison-Blanche à Al-Azhar (Caire) où l'Amérique officielle était censée avoir fait son mea-culpa concernant son islamophobie. Bush junior avait établi sa liste de pays infréquentables, Obama a la sienne désormais. Bush avait pour lui d'assumer, sans complexe, son unilatéralisme et ses guerres. Ce qui n'est pas le cas de son successeur, prix Nobel de la paix alors qu'il vient d'ouvrir un nouveau front au Yémen, après l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan. Plusieurs Etats “black-listés”, notamment le Nigeria, Cuba, la Syrie et l'Algérie, protestent d'ores et déjà contre des mesures discriminatoires. Chaque pays est libre de fixer les conditions d'accès sur son sol mais les tiers ont aussi le devoir, par respect pour leurs ressortissants, d'appliquer la réciprocité. C'est un principe universel. Une règle d'or dans la diplomatie. Il reste que le terrorisme ne se réglera ni sur les listes noires ni dans les scanners. Les guerres n'en sont pas venues à bout. La radicalité s'alimente dans l'exclusion, voilà une piste…