L'euphorie qui a suivi l'élection puis l'investiture de Barack Obama aura finalement été de courte durée. En tout cas, elle n'a pas produit la dynamique électorale qu'aurait pu attendre le Parti démocrate puisque les deux seuls scrutins qui ont eu lieu, depuis, dans deux Etats dont il fallait élire le gouverneur, ont été remportés par les républicains. Le mois de novembre prochain, soit deux ans jour pour jour depuis la victoire historique de Barack Obama et des démocrates, auront lieu les élections législatives de la mi-mandat, comme il est de tradition aux Etats-Unis. L'enjeu est énorme pour le locataire de la Maison-Blanche parce qu'il pourrait perdre sa majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Si tel devait être le cas, et il y a une forte probabilité pour cela, le président Obama aura une deuxième partie de mandat encore plus pénible que la première. Et l'espoir de le voir concrétiser ses promesses électorales s'amenuiserait davantage. Actualité oblige, deux thèmes majeurs domineront la campagne électorale qui s'annonce chaude : la sécurité intérieure des Etats-Unis et le marché de l'emploi. En matière d'économie et d'emplois, les démocrates pourront sans doute tirer leur épingle du jeu, car le bilan de leur gouvernement n'est somme toute pas mauvais, ayant tout au moins évité le pire et pouvant faire valoir que la crise des subprimes, avec ses conséquences nationales et mondiales, est intervenue à la fin des huit années d'administration républicaine. Sur le thème de la sécurité, par contre, ce sera plus ardu pour eux. Sujet de prédilection des républicains, adeptes de la manière forte et très peu regardants en matière d'éthique et de libertés pour les plus à droite d'entre eux, ils n'hésiteront pas à stigmatiser la politique d'Obama, qui a dénoncé les pratiques illégales de la CIA sous l'administration Bush. Dans toutes les démocraties occidentales, lorsque le thème de l'insécurité s'impose au débat, il a toujours profité électoralement aux droites les plus radicales. C'est d'autant plus vrai aux Etats-Unis, dans la foulée des prochaines législatives, que l'administration Obama a cédé aux sirènes sécuritaires. Un an à peine après avoir pointé du doigt la dérive sécuritaire de l'administration précédente, elle sombre dans les mêmes travers et reprend à son compte la détestable théorie de “l'axe du mal”, si chère à George Bush, en désignant une poignée de pays dont les ressortissants sont présumés suspects et seraient soumis à des contrôles dégradants s'ils venaient à se rendre aux Etats-Unis. Ni le principe, ni la méthode, ni surtout le listing des pays mis à l'index ne cadrent avec la politique annoncée par le président Obama au début de son mandat et qui lui a valu, en partie, un prix Nobel de la paix pour le moins surprenant. La contradiction est si grosse qu'elle ne saurait échapper aux républicains qui se frottent déjà les mains. Ils auront le beau rôle à affirmer que si Obama s'aligne sur la politique de Bush, c'est que celle-ci était la bonne ! Le dérapage sécuritaire de l'Administration Obama est principalement motivé par la tentative d'un jeune Nigérian de faire exploser un avion américain en vol avec près de 300 passagers à bord. Or, il se trouve que le terroriste présumé était connu de la CIA, qui aurait parfaitement pu l'empêcher d'accéder à l'appareil. Elle ne l'a pas fait et se trouve dans l'incapacité d'expliquer son laxisme. Sans être partisan de la théorie du complot, ne peut-on pas penser que, volontaire ou pas, il s'agit bel et bien d'un coup de pouce inespéré aux républicains en vue des élections prochaines ? Le moins qu'on puisse dire, en tout cas, est que la CIA a quelques raisons d'en vouloir à Barack Obama et à son Administration. Peut-on alors écarter tout à fait la thèse du piège sécuritaire ?