La toxicomanie, en général, et la drogue, en particulier, font rage dans nos grandes villes. Les quartiers dits populaires semblent être les plus touchés. Les chiffres sont effarants et alarmants. Dans l'underground constantinois, quatre jeunes sur cinq, issus des deux quartiers de la Souika et de Salah-Boudraâ (ex-la Cité) auraient déjà consommé, au moins une fois dans leur vie, de la drogue. Pour en arriver là, la drogue devait circuler, il faut bien le dire, quasi-librement, dans ces espaces localisés en plein tissu urbain. Le problème, diront les experts, n'est pas dans le nombre de ces “occasionnels” car la jeunesse algérienne, à l'instar de celle des autres pays, poussée par la curiosité, à tendance à toucher à tous les vices, juste pour y goûter, sans plus. Sauf que dans le cas algérien, le taux d'accoutumance est élevé. En effet, plus de 30% des jeunes de ces deux quartiers de la troisième ville du pays, l'effet de curiosité passé, deviennent des consommateurs réguliers. Un constat effarant car, plus cruellement exprimé, cela donne un jeune de plus de 18 ans asservi à la drogue pour chaque 3 jeunes résident dans ces cités. Ces jeunes ne s'adonnent pas à une seule forme de drogue. Ils sont, en majorité, des poly-toxicomanes. Ces chiffres ont été communiqués, le week-end denier, à Constantine par le président de la Fédération nationale de lutte contre la toxicomanie. Dans d'autres circonstances, les journalistes auraient pris avec beaucoup de réserves de telles affirmations. Sauf que les doutes sur la sincérité d'une telle comptabilité sont vite levées quand on sait que le responsable de l'association en question n'est autre que le président de la commission santé à l'APW de Constantine, donc un élu censé être rompu aux chiffres. Les chiffres de ce dernier offrent un paysage plus chaotique avec plus de 2% de ces toxicomanes qui ont déjà atteint le stade irréversible de l'extrême délinquance, en devenant des “désocialisés”, soit une menace pour le reste de la société. Ces statistiques sont loin de stigmatiser les deux seuls quartiers de la capitale de l'est du pays. Le phénomène devrait être extrapolé au reste du territoire de la wilaya. Chaque année, des milliers des centaines de jeunes issus des cités dites populaires sont relogés avec leurs familles, dans le cadre de la réhabilitation de la commune, dans de nouvelles villes. Du coup, le mal, enfin tous les maux, sont eux aussi délocalisés. La présence de près de 80% de jeunes de ces quartiers difficiles qui ont déjà goûté à la drogue s'exprime, économiquement, par la présence d'un important business ou, du moins, d'un marché potentiel favorable à l'émergence de véritables dealers qui vont, si ce n'est déjà fait, tisser leurs toiles à travers tous les coins de l'antique Cirta. Un scénario apocalyptique pour une jeunesse qui n'a de choix à faire qu'entre la hargua, la drogue et, récemment, le footbalmania (mourir pour l'équipe nationale de foot au lieu de pratiquer elle-même un sport).