Les Eaux de Marseille sont sommées par le gouvernement algérien de lever une série de réserves avant le 31 mars prochain, faute de quoi il sera mis fin au contrat liant les deux parties, soit la gestion déléguée de l'eau de Constantine. Il faut dire que le gouvernement algérien reproche aux Eaux de Marseille, présente à Constantine depuis 2005, des retards dans la réparation des fuites et la réalisation de la cartographie. Selon la partie algérienne, la SEM aurait pu venir à bout de ces deux points dès la première année, soit fin 2009. En effet, de 2005 à 2008, les Eaux de Marseille étaient présentes dans la ville aux sept ponts dans le cadre de réalisation des réseaux d'AEP du groupe urbain de Constantine dans le cadre d'un contrat engageant, en plus de la SEM, deux autres intervenants, soit la Sogrea et des Chinois. Pour M. Valin, “cette présence n'a pas été rentabilisée pour une raison simple. Le donneur d'ordres pour ce chantier localisé à Constantine était l'ADE Alger avec un chef de projet installé dans la capitale. Les gens de Constantine étaient appelés à intervenir sur un projet dont la gestion était ailleurs, ce qui a créé un conflit d'intérêts. Aujourd'hui, nos équipes de l'ADE de Constantine connaissent peu de choses sur ce réseau diagnostiqué de 2005 à 2008”. Malgré cela, toujours selon M. Valin, “on a posé 120 km de réseaux secondaires sans majoration, soit 20% du réseau”, explique le représentant de la SEM. Pour le projet en cours, M. Valin rejette l'idée selon laquelle les objectifs ne sont pas atteints. “À ce jour, on a réalisé 50 km par an, alors que les normes sont de 5 km dans le cas de notre projet”. Pour l'alimentation en eau potable et les fuites, notre interlocuteur, qui a la double casquette de délégué local de la SEM et DG de la Seaco, explique que “la Seaco a délégué la gestion des eaux de Constantine à la SEM pour une période de 5 ans et demi avec comme résultat de l'eau h24 clé en main sans bilans intermédiaires. Le taux de desserte est au-dessus des objectifs. On est à une moyenne de 15 heures au lieu de 13 heures par 24 heures”. Toutefois, une équipe de techniciens de terrain est attendue cette semaine à Constantine. “Cette mise en demeure nous a poussés à mettre notre plan d'action au même niveau des attentes des pouvoirs publics algériens. On est appelés à changer l'ordre des priorités pour faire de la lutte contre les fuites l'objectif premier”, rappelle, à juste titre, M. Valin. Revenant sur la question de la cartographie, M. Valin estime que sa réalisation a atteint les 80%. “S'il y a des retards, ils sont ailleurs, car on attend depuis un an et vainement que l'ADE et la Direction de l'hydraulique nous transmettent des plans qu'elles devraient détenir à leur niveau. À ce stade, on ne peut plus attendre et on doit aller faire du terrain pour pallier ces problèmes”, fait remarquer le représentant de la partie française. Le code des marchés est, lui aussi, cité par M. Valin pour expliquer les défaillances constatées sur le terrain. “Le travail de la commission des marchés nous a grandement pénalisés par le passé. On vient juste de recevoir, en cette mi-février 2010, les dossiers transmis le mois d'octobre 2009 à ladite structure. Normalement, avec les derniers changements opérés à la Direction de l'hydraulique, on assistera à plus de souplesses”, confie notre interlocuteur. Pour la formation, un autre grief retenu par la partie algérienne contre la partie française, le DG juge que la Seaco est dans les normes, surtout qu'elle fonctionne depuis près d'un an sans directeur des ressources humaines adjoint en charge de ce dossier, faute d'une nomination de la personne proposée par la SEM au conseil d'administration. “La formation, avant d'être un objectif du contrat de management, est une obligation instaurée par la législation algérienne de travail qui stipule que chaque entreprise doit réserver 2% de son chiffre d'affaires à ce volet. Et malgré toutes les entraves, le seul retard que nous enregistrons est au niveau de la formation par l'apprentissage”, explique M. Vallin. Indépendamment de la partie qui a failli, il est certain que les Eaux de Marseille ont été secouées par la colère d'Alger au moins au niveau de l'ordre des priorités.