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Une semaine pour secouer les consciences arabes
Initiative de Nessma TV en collaboration avec “Liberté” et “El Khabar” pour la Palestine
Publié dans Liberté le 18 - 03 - 2010

Ils ont réussi ! Ils ont osé et l'ont fait. Consacrer une semaine pour la Palestine, et le moins qu'on puisse dire, est qu'ils ont réussi, en une semaine, au cœur du Grand Maghreb, à relever le défi, là où les politiques pataugent depuis des décennies.
Réunir des figures issues de divers milieux, dans différentes disciplines, scientifiques, artistiques, politiques, “ramassées” un peu partout pour redonner du “hope” à un peuple sous embargo, éparpillé à travers les points cardinaux, dans son exil interne et dans tous “les ailleurs”. Avec la contribution des médias maghrébins, dont les deux journaux algériens, Liberté et
El Khabar, Nessma TV a fait naître “un sourire” sur ces visages qui disent la tristesse et la mélancolie, ces yeux qui pleurent l'absence, la distance : distance qui reste pour atteindre la paix, la terre… ces yeux fatigués de subir les gaz lacrymogène quand ce n'est carrément pas le phosphore blanc.
Démarrage en pente douce le premier jour avec un plateau de haut niveau. Un ambassadeur historien, un cinéaste, un poète journaliste, le fondateur du théâtre Al Hakawaty et une conseillère auprès du ministre allemand des Affaires intérieures.
Premier défi pour les animateurs dont le longiligne Fawaz, qui jusque-là a su négocier ses conversions de la radio à la télé et du talk show (Ness Nessma) à un genre nettement plus “compliqué”, délicat et sensible comme la question palestinienne. Clin d'œil aux politiques du monde arabe ? Nullement, estime M. Moez, le communicant de Nessma. “C'est le style Nessma. On essaie de faire différemment, on innove pour montrer le vrai visage du Maghreb”, dit-il. Du glamour, du ton et une certaine liberté. La touche des télés françaises, notamment Canal n'échappe pas au regard. Evidemment, elle dérange. Elle dérange les ataviques conservateurs, les gardiens du temple, les professionnels de la langue de bois. Car Nessma TV, c'est à la fois ce langage populaire compris dans tout le Maghreb et le message de cette jeunesse incomprise qui vit en déphasage avec “les dinosaures”. Ce qui explique son audimat.
Passé le stress et la tension du premier jour, l'atmosphère s'est légèrement détendue, mais le parcours reste long. Le second jour a connu un plateau exclusivement musique et cinéma avec des réalisateurs et des musiciens. L'épreuve passe normalement, mais la charge d'émotion était présente. L'équipe tient le coup.
Elle tient à réaliser l'exploit avec cette expérience. Surtout en présence du début jusqu'à la fin de l'actrice Yasmine El-Masri à côté du présentateur vedette, Fawaz. Encore un soir en “images”. Cinéma, peinture et chant pour faire monter la courbe émotionnelle d'un cran. Sur le plateau, la tension est nettement perceptible au moment de la pause, alors que dans les coulisses, techniciens et cameramen “jouent” la précision, le détail, les angles… ça grouille et ça chuchote. C'est assez speed. Mais tout le monde tient le rythme. À la pause, un bol d'air et une longue bouffée de nicotine pour les uns et retouche de maquillage pour les autres avant d'entendre la voix de la réalisatrice “dicter” la reprise illico. Cette scène ponctue toutes les émissions et semblent pour ceux qui la subissent comme réglée. Et top départ pour une autre partie.
Après la forte émotion du studio réalisé dans les formes de Canal où il ne manque que les guignols, on retrouve, en début de soirée, déjà obscure, le froid de Radès. Cette banlieue de Tunis qui abrite les studios de Nessma nous rappelle par son climat Alger avec un peu de pluie en moins. Et Tunis a commencé par son flux à ressembler aussi à Alger avec ses bouchons, sa circulation infernale, particulièrement les jours de foot. Le temps est toutefois à la solidarité maghrébine avec la Palestine, comme on ne l'a jamais vu exprimée. Dans les couloirs, le salon ou les loges, l'occasion est aux rencontres et connaissances avec ces artistes “déchirés”, François Abou Salem évoque la création de son théâtre, les difficultés alors que Suzanne El-Houby parle, sans prétention de sa passion pour l'alpinisme. Cette biologiste a trouvé dans ce sport extrême le moyen de transcender la douleur par une sorte de fusion avec la nature. Le tout dans la bonne humeur et surtout cet optimisme qui se lit dans les regards. Ils rêvent tous de retourner chez eux, dans leur terre, dans leurs maisons.
On monte encore un peu plus haut au quatrième jour avec une soirée cinéma avec une note de philosophie et de politique. Le poète Ibrahim Nasrallah nous expédiera dans les images quotidiennes de la Palestine avec un air à la Darwich mais sans l'éloquence dans la déclamation. Maintenant, il s'est mis au roman ; le roman inspiré de la réalité, de l'histoire de son pays. À côté, l'acteur Ali Suleiman, de renommée internationale préférant revenir dans son pays au luxe de la côte ouest des Etats-Unis où il tourne le plus. Entre les deux, le diplomate Jawad Anani, un ex des Affaires étrangères jordaniennes et chef du protocole de la cour jordanienne. Acteur de premier rôle dans les négociations, il sait également apprécier l'art. L'on n'évoquera, cependant, à aucun moment, les divisions dans les rangs palestiniens. Et c'est tant mieux, pensent les jeunes artistes qui ne se sont jamais rencontrés auparavant. Là, Nessma tv a servi de toit pour réunir “ces frères qui ne se connaissent pas”, de lieu de communion pour “ces frères” de tous les arabes abandonnés de “tous”. Mais à Nessma tv, on préfère éviter la politique et tous les sujets sensibles ou qui prêteraient à équivoque. Le but de la chaîne et de cette semaine est avant tout, explique-t-on, de montrer qu'il y a un espoir. Et c'était le cas.
Le clou et moment redouté était programmé pour la veille de la clôture. La courbe a atteint le pic et la tension à son summum. La cote du stress en cette journée froide a grimpé vite à la Bourse des nerfs.
L'ombre de Barghouti
L'affiche est révélatrice du poids et de la dimension, voire du virage, que va prendre l'émission. Fadwa et Qassam Barghouti, femme et fils du symbole de la résistance et de l'Intifadha, Marwan Barghouti, le Mandela palestinien, Leïla Khaled, auteur de deux détournements d'avion, et membre de la direction du FPLP, rien que ça ! Raed Andoni, réalisateur et producteur, surnommé le Woody Allen arabe. Insoutenable moment d'intense émotion. Mme Barghouti, avocate qu'elle est ne laisse rien voir. Elle parle calmement, raconte son quotidien, les visites à son mari en prison. Elle ne l'a vu qu'une fois en quatre ans. Il lit beaucoup, en anglais, en hébreu, en arabe et connaît des rudiments de français. Il écrit beaucoup aussi. Mais elle dit attendre pour publier ses écrits. Torture physique et morale, isolement pendant de longs mois… mais il reste solide, dit-elle, et prodigue parfois des conseils depuis sa cellule à la rue palestinienne. Des souffrances qu'elle décrit avec des détails hallucinants. Il n'a vu aucun de ses quatre enfants naître, par exemple. Mais elle reste lucide et fière de lui, lui dont le nom a fait le tour du monde. 30 villes françaises lui ont donné le titre de citoyen d'honneur.
Il est également tête de liste des détenus libérables en cas d'un accord d'échange avec Israël. Elle a mis un accent sur le fait qu'il est un rassembleur et que la rue le réclame. Son maintien en détention arrangerait probablement certaines parties qui verraient en sa libération une perte de leadership ? Peut-être qu'il y a des parties que cela arrangeraient, s'est contenté de répondre Mme Barghouti. Juste à côté, Qassam, les yeux clairs, le regard malin, apprend qu'il ressemble “terriblement” à Karim Ziani.
Il ne sait pas de qui il s'agit mais raconte qu'il est sorti défiler dans la rue après la victoire de l'Algérie sur l'Egypte. Victime de l'engagement de son père, étudiant en Egypte, il est arrêté en rentrant en Cisjordanie et emprisonné. Il a fait quatre ans de prison, subi le traitement où excellent les services de sécurité israéliens, mais il a tenu le coup. À l'âge de 25 ans, il a déjà connu l'univers et le sort du palestinien adulte. Assigné à résidence, Qassam a dû reprendre ses études dans son pays et préparer son master. L'icône était là, le sourire narquois, bien dans sa peau et visiblement fière de son parcours : Leïla Khaled refuse d'abord d'être traitée de légende. Elle rappellera la chaleur du Maghreb, ses héros, ses héroïnes surtout avant de raconter son histoire. Le comment et la préparation du détournement d'avion, mission qui lui a été confiée par la résistance. Elle s'est inspirée, dit-elle, des Djamila algériennes, les poseuses de bombes. Sa principale source d'encouragement a été, dit-elle, Djamila Boubacha. Et à demi-mot, elle dénoncera ceux qui ont dévié de la voie de la lutte pour la libération de la Palestine. Elle sera encore plus claire lorsqu'elle évoquera l'impossibilité de la coexistence avec Israël. On croit un moment voir dans le ciel de Nessma le fantôme de Marwane Barghouti. Comme dans le Vagabond des étoiles, de Jack London. Lourds instants où l'on retient son souffle. Sur le plateau, la tension est à son comble. À la pause, souffle de soulagement. L'épreuve n'est qu'à moitié avec son risque de dérapage. Les animateurs sont sur les dents. Reprise avec un quiproquo induit par Andoni avec sa théorie de la recherche du moi palestinien. Le Woody Allen arabe, qui excelle dans le documentaire, évoque son identité sous un angle inédit. Identité qu'il dit ne pouvoir vivre qu'au sein de l'humanité. Je me sens palestinien quand je suis parmi d'autres, d'autres nationalités. Un peu compliqué tout ça. Il s'efforcera encore de l'expliquer, mais le sens est très philosophique et artistique. C'est bien Allen qui a dit : “Je suis juif, mais je peux vous expliquer” ! “Fix me”, une histoire de fabricants de luth de père en fils dont un des enfants a opté pour une autre forme “d'expression”. Le docu, selon lui, inspiré de sa propre expérience, exprime bien sa conception de l'identité.
Et les enfants de Gaza
Les interventions reprennent alors que l'animation retient son souffle. On perçoit dans les regards cette interminable attente du jingle de la fin. Et la fin a fait un détour par les sanglots. Moments très émouvants. Appel d'air, de tabac pour se remettre de cet exercice éprouvant. On se fait une autre mi-temps, mais détendue et conviviale avec des commentaires et des appréciations. Et tout le monde retrouve le sourire. C'était le but. Mais l'objectif est bien loin : redonner le sourire aux enfants de Gaza et de Cisjordanie. Leur redonner les moyens de rêver.
Pour boucler la semaine, toujours sur le même temps, Nessma tv a consacré une soirée chansons avec des invités de Tunisie, d'Algérie, du Maroc et évidemment des Palestiniens. Le décor a changé, le studio aussi, puisque la chaîne a choisi un espace plus grand pour la circonstance.
La voix de Khatib, chanteuse palestinienne, tonna dans le ciel de Radès comme le fait depuis longtemps le message de tous les Palestiniens à travers le monde. On ponctue avec un poème de Derwich avant de laisser le talent de Merouane Abadou, luthiste vivant en Autriche. Une fusion entre le patrimoine arabe avec un “accent” occidental. Du vrai viennois. La petite Nabila, venue du Maroc, mettra un peu d'ambiance avant de laisser place au clip de Lotfi Bouchenak, un spécialiste de la musique orientale et ambassadeur de l'Unesco, agrémenté d'un texte qu'il déclama. Il a proposé de faire un disque pour la Palestine qui réunira plusieurs chanteurs arabes et maghrébins. “Ma cause est celle de l'homme. Je ne peux pas être absent dans une question décisive”, dit-il. Dans un silence quasi religieux, Mohamed Rouane, l'Algérien qui a troqué la guitare espagnole contre le mandole, a ravi le plateau et les coulisses. Check Point 63, tout un symbole, est un groupe de rap qui se définit comme les enfants de la rue. Ils disent préférer “sawt à somt”, le son au silence. Et d'autres encore qui portent haut la voix de la Palestine, la colère et la douleur de ses rues…
Et tout le monde est sorti avec un impact dans le cœur, dans l'âme, dans les yeux et l'idée de cette autre manière d'être solidaire avec la Palestine. Et là, Nessma tv a réussi son coup. Et de quelle manière ! Ça fera évidemment, comme d'habitude, grincer des dents. Et c'est tant mieux.


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