Son œuvre est un journal intime, provocateur, dépourvu de décence, mais sans hypocrisie, dans une Algérie où règne le non-sens mais surtout cette peur “innée” du reflet de notre propre image, durement galvaudée entre saint et charlatans durant toute une décennie. “Quand j'ai quitté notre maison pour aller acheter un demi-pain de sucre chez El-Manchot, l'unique épicier du village, je n'imaginais pas que cette sortie durerait treize ans, jour pour jour… Quand ils m'ont embarqué dans un vieux camion brinquebalant, je n'ai pas manifesté la moindre résistance. Je ne pensais qu'à ma mère, lalla Nouara. Je l'imaginais pressée et impatiente, attendant son demi-pain de sucre.” Lui, c'est le poète, ainsi qu'on l'appelle dans son village. Le poète est, aussi, ces milliers de jeunes Algériens qui se sont retrouvés embrigadés, malgré eux, dans des camps d'entraînements djihadistes… avec pour seule idéologie : l'amour. L'amour de Sultana. Osé, voire cru dans ses mots, mais plus encore dans ses pensées, Amin Zaoui raconte dans cet ouvrage atypique, la Chambre de la vierge impure, l'Algérie. Cette Algérie meurtrie dans son âme et sa chair et qui tente tant bien que mal de se relever. Cette Algérie pleine de perversités et d'ardeurs cachées qu'on ne dévoile que dans un journal intime, provocateur, dépourvu de décence, mais sans hypocrisie, dans un pays où règne le non-sens mais surtout cette peur “innée” du reflet de notre propre image, durement galvaudée entre saint et charlatans durant toute une décennie. Même s'il s'en défend, c'est l'image de l'Algérie dans toute sa complexité qu'a essayé de transmettre l'ancien directeur de la Bibliothèque nationale, avant-hier, lors d'une séance de dédicaces de son livre la Chambre de la vierge impure, à la librairie Media Plus, à Constantine, à un lectorat fidèle, particulièrement des jeunes universitaires et des journalistes. Ainsi, l'auteur du Sommeil du Mimosa et de la Razzia veut, à travers ses écrits, partager son amour pour les mots ainsi que ses pensées les plus paradoxales, avec ses lecteurs et lectrices, à commencer par sa femme et sa fille. À cet effet, lorsqu'il aborde le sujet tant controversé de la “Caravane Albert Camus”, qui rappelons-le a été empêchée par certains réfractaires à un franc débat algéro-français, Amin Zaoui ne sortira pas du contexte littéraire, emboÎtant le pas à Yasmina Khadra, en déclarant : “Albert Camus est un capital pour l'Algérie. Ne mélangeons pas littérature et politique.”