La visite du ministre de l'Energie intervient alors que Sonatrach est au centre d'un énorme scandale de corruption. Chakib Khelil est attendu, aujourd'hui, à Londres, pour des entretiens avec son homologue britannique, Ed Miliband. Le déplacement du ministre de l'Energie et des Mines en Grande-Bretagne intervient trois semaines après la réunion du Haut-Comité de coopération bilatérale algéro-britannique, qui a eu lieu au début du mois de mars. Le programme de la visite prévoit des discussions sur l'augmentation de la part de l'Algérie dans l'approvisionnement du Royaume-Uni en gaz liquéfié. Actuellement, notre pays constitue le troisième pourvoyeur de ce pays, après la Norvège et la Russie. Selon Oxford Business School, le volume des exportations doublera dans les prochaines années. Les livraisons devront augmenter suite à la mise en place d'un gazoduc qui traversera le Nigeria, le Niger et l'Algérie et alimentera l'Europe à l'horizon 2015. L'épuisement des réserves de la mer du Nord a accentué la dépendance du Royaume-Uni à l'égard des étrangers. Pour des raisons de proximité géographique, l'Algérie occupe une place de choix dans la liste des fournisseurs. Les premières livraisons en gaz datent de 1964. La crise du gaz avec la Russie en 2008 a conforté la Grande-Bretagne dans l'idée de diversifier les sources de ses approvisionnements. L'Algérie exporte également du pétrole en Grande-Bretagne. Sonatrach a des installations en mer du Nord. Le scandale qui frappe cette compagnie actuellement ne manquera certainement pas de susciter des questions de la part d'Ed Miliband. Comme tant d'autres partenaires, la Grande-Bretagne craint que cette affaire ne paralyse les activités de la compagnie et affecte la satisfaction de ses engagements à l'égard de ses clients. En choisissant de se déplacer à Londres, au milieu de la tourmente, Chakib Khelil entend rassurer les Britanniques. Il y a quelques jours, il admettait que l'affaire Sonatrach avait porté atteinte à l'image de l'Algérie. Dans la presse britannique, le scandale a donné lieu à des commentaires peu flatteurs sur le manque de transparence dans le fonctionnement de Sonatrach. Dans une récente interview à Liberté, Samuel Ciscik, expert international dans le secteur des hydrocarbures, affirmait qu'avant même la révélation de l'affaire, la compagnie algérienne avait une assez mauvaise réputation en matière de gestion. Selon lui, sa perte de crédibilité pourrait conduire à la désaffection de certains de ses partenaires. Il est à noter que la visite du ministre de l'Energie et des Mines intervient trois semaines avant la tenue du sommet du gaz liquéfié à Oran. Plus que tout, Chakib Khelil craint que ce rendez-vous planétaire se transforme en fiasco, suite à la défection d'un certain nombre d'invités, dont le Royaume-Uni. La venue du ministre de l'Energie a Londres sera suivie, le 17 avril prochain, par celle de Hamid Temmar. Le premier responsable du département de l'Industrie, des Privatisations et de la Promotion des investissements présidera avec Mervyn Davis, secrétaire d'Etat britannique au commerce, les travaux du sous-comité économique bilatéral.