Résumé : Le paysan prend Mohamed en sympathie. Ils dînèrent ensemble. Mohamed est subjugué par la beauté de la jeune brune qui est venue les servir. C'est le coup de foudre. Mais le paysan, qui racontait sa vie au jeune homme, n'avait encore rien remarqué. 8eme partie Ils rirent et Mohamed rétorque : - Il est vrai que les femmes sont capables de tout. - Surtout lorsqu'il s'agit de leur mari… Tu vois mon fils, beaucoup d'hommes au village possèdent plusieurs femmes, mais moi, je n'ai qu'une seule. C'est une cousine. La nièce à mon père. Notre mariage a été arrangé alors que nous étions encore au berceau. - Cela se fait encore dans mon village, dit Mohamed. Mais je crois que la nouvelle génération commence à s'éveiller. Le mariage à vrai dire, est une chose trop sérieuse, pour la prendre à la légère. - Oui. Tu as raison. Mais moi je n'ai pas eu à me plaindre. Ma femme je l'ai toujours connue. Nous avons grandi ensemble, et quand nous avions atteint l'âge de raison, les choses allèrent d'elles-mêmes. Nos parents n'avaient pas eu à trop attendre pour nous unir. - Tant mieux si vous êtes heureux en ménage. - Nous le sommes, mais quelque chose manque à notre bonheur. L'homme pousse un long soupir : - Je n'ai pas engendré de garçon. Cela me chagrine énormément. C'est pour cela que je voulais épouser ma belle-sœur en secondes noces. Elle, elle ne met au monde que des “hommes”. Mohamed hoche la tête : - Je comprends. Mais si la volonté de Dieu est telle, que peut-on faire devant le destin ? - Oui mon fils. C'est pour cela que j'ai fini pas battre en retraite. Mes neveux pourront reprendre la relève. Eux aussi sont de mon sang et pourront assurer la prospérité familiale. Il se met à attiser le feu avec un tisonnier, puis reprend : - Ma seconde belle-sœur est la plus jeune. Vingt ans à peine. C'est l'épouse de mon jeune frère qui est en France. Il travaille dans une mine de charbon. C'était courant en ces temps-là aussi. Mohamed avait entendu dire que la plupart des jeunes gens de sa génération, attirés par la vie d'outre mer, ont préféré quitter leurs terres, et partir. Laissant femmes et enfants à la charge des autres. - Ils ont deux enfants, et sa femme attend un troisième pour le printemps prochain. - Si je comprends bien, ton frère vient de temps à autre quand même jeter un coup d'œil sur les siens. - Oui… Bien sûr et fort heureusement d'ailleurs. Omar vient tous les deux ans. Il passe un mois ou deux avec nous puis repart. C'est grâce à son argent que j'ai pu terminer la construction de cette maison, et acheter d'autres terres agricoles. - C'est une bonne chose pour vous tous alors. - Une bonne chose dans un sens. Mais dans un autre, avoir sur les bras une troisième famille, ce n'est pas facile. - Oui. Mais étant donné que tout ce monde vit sous le même toit, je pense que la charge s'avère moins lourde. - Si on veut. Mais enfin tu connais nos coutumes, nous sommes à cheval sur certains principes. La femme d'un frère émigré ne doit pas quitter le toit de son mari, quitte à dépendre des autres. - Oui. Nos traditions sont quelques fois trop sévères. Et lorsqu'il s'agit de l'honneur de la famille… - Tu as bien compris mon fils. I'homme se lève et Mohamed en fait de même. - Il est temps pour nous d'aller nous reposer un peu. Viens par là Mohamed, je vais te montrer ta couche. Il lui désigne un coin de la grande salle, où étaient étalées quelques couvertures et un coussin. - Ici tu ne risques pas de prendre froid, le feu est allumé, et la pièce est assez chauffée. Au cas où tu auras besoin de quoi que ce soit n'hésite pas à m'appeler…. Y. H. (À suivre)