Résumé : Le jeune homme avait pris sa décision : lui est sa vieille mère devraient quitter le village le plus tôt possible. Pour cela, il fera appel au service d'un marchand ambulant… 19eme partie Ce n'est qu'à la nuit tombée qu'il réintègre la maison. Da Idir était allongé sur une natte dans la grande salle et sirotait un café. - Ah ! te voila Mohamed. Où étais-tu donc passé mon fils. - J'étais au village, mais comme je n'avais rien à faire, j'ai fait un grand détour par les champs, cela m'a permis de marcher un peu. - Je me disais que tu étais quelque part dans les champs. Tu aimes la terre, mon fils. Cela se voit clairement sur ton visage. Mohamed sourit. - Je ne renie pas mes origines Da Idir. - Oui je sais, et c'est cela qui me plaît le plus en toi. Viens, allons manger un morceau et veiller comme d'habitude. Mohamed ne pouvait rien avaler. Sachant qu'il allait quitter cette maison et cet homme dès les premières lueurs de l'aube et s'enfuir tel un voleur, il avait le cœur gros. Mais c'était l'ultime issue qui se présentait au risque de se voir coincé dans ce village. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il tente de garder un visage serein et mange son couscous en silence. À la fin du repas, il discute un moment avec Da Idir et ses neveux puis se met au lit sans tarder. Il ne put fermer l'œil de la nuit. Guettant le moindre bruit venant de l'extérieur. Il se lève à maintes reprises pour jeter un coup d'œil dans la grande cour déserte. Rien. Le silence pesant et le froid glacial a incité même les poules à se réfugier dans le grand poulailler. Il se rendit compte que l'aube était encore loin et tente de trouver un peu de sommeil. En vain. La perspective de s'enfuir comme un hors la loi le tenaillait. Il se lève et se met à arpenter la grande salle de long en large. Il sait qu'il ne reverra plus Louisa. Il sait que sa conduite n'est pas des plus honnêtes. Mais il sait aussi que s'il restait, il ne remontera jamais la pente. Avant le chant du coq, il va retrouver sa mère qui dormait dans la chambre mitoyenne avec les femmes. Elle l'attendait assise au seuil de la porte, son balluchon déjà sur le dos. Il lui prend la main en silence et elle se lève docilement pour le suivre. La grande maison encore plongée dans le noir et le sommeil, leur semble un labyrinthe de dédales. Ils atteignent enfin la sortie et empruntent l'étroite ruelle pour descendre vers le grand chemin. Personne ne semble les avoir vu quitter la maison ou transiter par la grande place de la djemaâ. Mais une ombre dans la nuit s'était faufilée derrière eux jusqu'au bas de la ruelle. Des reflets d'un foulard en soie luisaient sous la lune et une jeune fille pleurait en silence. C'était Louisa ! Mohamed retrouve le marchand ambulant et sa charrette. Il aide sa mère à s'y hisser et prend place lui-même tout près du marchand. Ce dernier fouette son cheval, et ils quittèrent le village. Y. H. (À suivre)