Ils étaient nombreux, hier, les citoyens, les délégués du mouvement citoyen et autres animateurs du mouvement associatif à nous contacter par téléphone ou à se déplacer jusqu'à notre bureau régional pour exprimer, de vive voix, leur soutien et leur solidarité indéfectibles. Tous ces lecteurs et militants de la liberté d'expression et d'opinion n'ont pas dérogé à la règle pour se manifester, comme les fois précédentes, afin de défendre leur droit au savoir et à l'information et de dénoncer, par la même occasion, les pratiques peu orthodoxes auxquelles se livre le pouvoir dans le but de museler une presse qui ne lui ressemble pas. À cet égard, il y a lieu de rappeler, ici, le grand élan de solidarité qui avait entouré la presse en 2001, lors de l'adoption du code pénal bis. L'observation d'un sit-in de protestation à Bouira devant la cour de justice nous a amplement renseignés sur l'attachement des citoyens à la presse indépendante. Hier, comme il fallait s'y attendre, la nouvelle concernant la suspension des journaux et l'interdiction de six grands quotidiens de la presse indépendante a circulé comme une traînée de poudre dans tous les quartiers de la ville. Se sentant entièrement concernée par l'aberrante sentence qui vise à mettre hors-circuit une presse devenant gênante et trop curieuse, l'opinion locale était visiblement trop inquiète quant au sort qui sera réservé à la libre expression, ce grand pilier des droits de l'Homme et des libertés démocratiques. Même les résolutions tant attendues du dernier conclave de M'chedellah, qui alimentaient les discussions et les débats à tous les niveaux, ont fini par céder la place aux diverses interprétations de la mise en demeure qui vient d'être adressée aux journaux, sous le fallacieux prétexte des créances ainsi que la menace qui, aujourd'hui, semble peser lourdement sur le devenir de la liberté de la presse dans notre pays. En somme, les nombreux lecteurs, parmi lesquels figurent des éléments actifs du mouvement associatif et de la scène politique, ont tous tenu à apporter à la presse menacée leur entière solidarité. Ils promettent même d'entamer des actions en vue de sauvegarder cet acquis démocratique qu'est la presse indépendante. Voici, à titre d'illustration, trois réactions de citoyens de Bouira. Smaïl Merzouk (enseignant) : “Même s'ils sont redevables, le moment choisi pour mettre à exécution une telle menace sur ces quotidiens n'est pas le fruit du hasard. Il me semble que ces menaces sont d'ordre politique afin d'isoler le citoyen de toute information pouvant décrédibiliser le pouvoir en place.” Chaâbane Meziane (délégué du comité de Haïzer) : “Nous dénonçons haut et fort ces agissements irresponsables et irrespectueux du pacte international ratifié par l'état algérien. C'est une ignoble atteinte aux principes démocratiques. Notre soutien à la presse qui dénonce en étalant des vérités au grand jour est indéfectible. Nous passerons à l'action le moment voulu, pour dénoncer les manœuvres dilatoires à des fins électoralistes et exprimer notre entière solidarité avec notre jeune presse.” R. S.