Résumé : Le jeune homme et sa mère quittèrent le village dès l'aube alors que la maison était encore plongée dans le silence et le sommeil. Mohamed savait que sa conduite était à blâmer mais il n'avait pas le choix… 20eme partie Le froid matinal rosissait leurs visages et la mère de Mohamed se met à tousser. - Ta mère semble bien malade, lance le marchand à Mohamed. - Oui. Elle est vieille et impotente. Mais que veux-tu, elle ne voulait pas rester au village. - Je ne crois pas qu'elle supportera ce long voyage vers la ville. La saison s'annonce rude. - Je sais. La neige coiffe déjà le haut des montagnes, mais ma mère est têtue. - Que Dieu soit avec vous. La charrette brinquebalait sur les routes sinueuses et parfois même boueuses. Les trois voyageurs ne s'arrêtèrent qu'en fin de matinée pour manger un morceau de galette et quelques olives. Puis ils reprirent la route et atteignirent un petit village au crépuscule. Mohamed jugea opportun de demander l'hospitalité pour sa mère qui est tout de suite prise en charge par une femme du village et dormit lui-même dans une écurie. Au petit matin, il part à la recherche du marchand pour reprendre la route, mais à son grand étonnement, il constate que ce dernier avait disparu. Mohamed comprit alors qu'il s'était fait escroquer et se met à se frapper la tête. Il n'aurait pas dû payer cet escroc avant leur arrivée à destination. Que va-t-il donc faire maintenant avec ce froid et cette neige et sa mère qui ne peut même plus marcher ? Il se maudit de sa maladresse. Il savait pertinemment que ces marchands s'avéraient parfois de véritables bandits prêts à tout pour gagner de l'argent. Fallait-il justement qu'il tombe sur l'un d'eux ? On était déjà au milieu de la matinée et sa mère devait s'inquiéter. Il faut qu'il prenne rapidement une décision. En fin de compte, Mohamed se décide à reprendre la route. Il va encore porter sa mère sur le dos durant de longs kilomètres. Un maquignon lui avait indiqué le chemin le plus court pour arriver en ville. Mais le jeune homme savait qu'il devait encore affronter la pluie, la neige et le vent, et tous les risques des grands chemins avant d'arriver à destination. Il récupère sa vieille mère et la hisse sur son dos, avant de reprendre la route. La vieille femme toussait. Elle avait dû prendre froid la veille et Mohamed sentit l'inquiétude le gagner de plus en plus. Il marche durant une dizaine de kilomètres, puis s'arrête et dépose le corps frêle de sa mère sous un figuier. - Repose-toi un peu mère. Je vais te verser un peu d'eau et te donner à manger. La vieille femme lève la main dans un geste de protestation. - Je n'ai pas faim. Un peu d'eau me suffira. Mais où est donc passé le marchand ambulant ? - Parti. Envolé. Il nous a arnaqué. - Que Dieu lui fasse payer sa dette. Que les loups emportent son corps en enfer. Mohamed s'assoit près de sa mère et mange un peu de galette, puis se décide à reprendre la route. La nuit n'allait pas tarder à tomber et le froid devenait intolérable. Il enveloppe sa mère dans une chaude couverture, avant de la remettre sur son dos. - Mon fils, je deviens une lourde charge pour toi, dit la vieille femme, entre deux quintes de toux. Laisse-moi donc mourir ici en toute tranquillité sous cet arbre. Mohamed sentit sa gorge se nouer. Laisser sa mère à la merci des loups et des bêtes sauvages ? Non jamais ! Il la portera jusqu'à son dernier souffle. - Pardonne-moi mère de t'avoir infligé autant de peine à ton âge. Je n'aurais pas dû t'écouter. À l'heure qu'il est, tu serais encore au village et dans notre grande maison bien au chaud. Mais tu as préféré me suivre et vivre tous les dangers. Si au moins, tu étais restée chez Da Idir. - Je ne pouvais pas Mohamed. Comment aurais-tu présenté les choses à Louisa et à son père ? Tu leur aurais dit que tu allais m'abandonner pour chercher du travail dans la grande ville et revenir bien plus tard ? - Je ne sais pas mère. Mais peut-être que j'aurais dû partir seul, puis revenir plus tard te récupérer. - Tu crois que Da Idir t'aurait laissé filer comme ça ? Y. H. (À suivre)