Le P-DG de l'Entreprise du port d'Alger (Epal), Bourouaï Abdelhak, le directeur adjoint, Z. Madjid, ainsi que l'ex-P-DG de la même entreprise, Ali Farah, viennent d'être écroués. Le juge du tribunal de Sidi-M'hamed a également placé sous contrôle judiciaire 4 autres cadres de l'Epal. Il s'agit des nommés N. H., directeur adjoint chargé des techniques, T. M., directeur des conteneurs, A. B., directeur de la sécurité interne, et de B. A., directeur des logistiques. Le port d'Alger vient d'être éclaboussé par un scandale. La gestion des marchés d'acquisition des clarcks a été passée au peigne fin par les enquêteurs et les conclusions de l'enquête auraient été accablantes. Ainsi, B. A., le président-directeur général de l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal), qu'il dirige depuis 2005, l'ancien patron de cette même entreprise A. F. qui a occupé ce poste durant la période allant de 1993 à 2005, et qui avait été cité comme témoin dans l'affaire du naufrage du “Béchar”, et 5 autres cadres ont été présentés au tribunal de Sidi-M'hamed, jeudi dernier en fin d'après-midi, après une enquête préliminaire menée par les officiers judiciaires militaires du Département de renseignement et de sécurité (DRS), qui a duré plus d'un mois. Les investigations concerneraient des malversations dans l'octroi de marchés des clarcks et stackers des conteneurs depuis 2004. Les clarcks sont des engins de levage pour charger ou décharger les conteneurs dans les camions. Il y a deux genres de clarcks : les clarcks à fourches pour le levage des conteneurs de 20 pieds, caisses, palettes… et les stackers conçus spécialement pour le levage des conteneurs de 40 pieds. Ils peuvent être acquis auprès des compagnies maritimes publiques ou privées. Le revenu de chaque stacker par jour peut dépasser plus de 15 millions de centimes, selon un officier des Douanes algériennes qui a requis l'anonymat. Avec l'arrestation des principaux dirigeants de l'Epal, cette entreprise se retrouve ainsi décapitée. L'équipe dirigeante est poursuivie pour “malversations, violation de la législation en matière de passation de marchés publics, corruption et, surtout, association de malfaiteurs”, une accusation qui relève du tribunal criminel, et dont les premières estimations font état de plus de centaines de millions de dinars détournés. Nos sources ajoutent qu'il s'agit là “d'une grande affaire de corruption”, liée en contrepartie à des pots-de-vin versés pour l'acquisition de ces clarcks auprès des compagnies maritimes privées. C'est, en fait, le plus important scandale qui éclabousse les dirigeants du port d'Alger qui connaît, depuis quelques mois, une effervescence particulière. Il vient s'ajouter aux séries de scandales qui ont touché le ministère des Travaux publics, dans l'affaire de l'autoroute Est Ouest qui est toujours en instruction et pourrait connaître de nouveaux rebondissements, ainsi que le scandale de Sonatrach, dont le P-DG se trouve sous contrôle judiciaire et dont l'enquête n'a pas encore révélé tous ses secrets. Trois ministères sont ainsi au cœur de grosses affaires de corruption, à savoir les travaux publics, l'énergie et le transport, alors que des rumeurs parlent de plus en plus avec insistance d'un prochain remaniement ou changement de gouvernement. Il faut rappeler que le président de la République avait instruit les services du DRS afin d'enquêter sur plusieurs affaires “de poids” dans le cadre de la lutte contre la corruption. Le tribunal de Sidi-M'hamed est en train d'instruire de “gros dossiers”, selon une source proche des enquêteurs.