Le recours à la violence ainsi que les méthodes illégales de protestation n'apporteront aucune solution à la tension que connaît l'opération relogement. Les dossiers qui ne remplissent pas les conditions d'éligibilité sont automatiquement rejetés sans aucune forme de recours. Le message du ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa et le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou qui ont animé un point de presse, en marge de la visite effectuée dans trois sites de la capitale, se voulait très significatif : pas de pression sur les services chargés du dossier relogement. “Des dizaines de milliers de demandeurs ont déposé leurs dossiers pour l'acquisition d'un logement dans le cadre de la location-vente. Des milliers de familles ont, depuis le démarrage de cette formule en 2001, bénéficié d'un logement. D'autres n'ont pas eu cette chance pour différentes raisons claires dont il n'est pas nécessaire ici de les reprendre. Leurs dossiers ayant à l'époque été transférés vers une autre formule appelée AADL-Cnep. Une formule qui a connu un certain retard lié à la rareté du foncier dans la capitale. Nos services sont d'ailleurs toujours confrontés au même problème à tel point que nous avons été contraints de faire appel aux wilayas limitrophes comme Blida et Boumerdès. C'est dire que les choses ne sont pas aussi faciles qu'on le pense et ce n'est certainement pas la volonté qui manque. Pour preuve, aujourd'hui nous procédons à la pose de la première pierre du programme de réalisation par l'AADL de 1 820 logements en partenariat avec la Cnep à Rouiba. Nous œuvrons dans cette optique afin de satisfaire les demandes mais il faut retenir que seuls les méritants seront logés. Il est donc important de savoir qu'il est tenu compte des critères d'éligibilité qui ne sont plus forcément ceux de 2001. Comme pour tous les programmes de logements, il faut être patient. À titre d'exemple, en Arabie Saoudite pour avoir un logement aidé, on est obligé d'attendre douze ans. En clair, ceux qui croient obtenir un logement en criant plus fort ou en recourant au chantage se trompent”, a répondu le ministre à l'adresse des contestataires. Il est à rappeler dans ce cadre que des citoyens ayant souscrit à la location-vente en 2001 mais dont les dossiers ont été transférés vers la formule AADL-Cnep, ont décidé de tenir un sit-in chaque dimanche devant le siège du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme en guise de protestation “à l'indifférence de l'AADL qui refuse de prendre en charge leurs doléances”. Sur un autre volet et à la question de savoir pourquoi les locaux commerciaux se trouvant sur les sites AADL sont toujours fermés, ce qui constitue une source de désagréments pour les locataires, le ministre, qui a éludé subtilement le sujet, a fait savoir que lesdits locaux est une propriété des domaines de l'Etat destinés, pour une partie, à être cédés par adjudication aux services d'utilité publique tels que la Sonelgaz, les TIC, la Cnas, les services des eaux, polyclinique, cabinets médicaux, officines, etc., et les autres à vendre aux enchères. “Il se trouve que ces locaux n'ont pas connu jusqu'à présent l'engouement voulu en raison certainement du prix de cession. Comme nous n'avons pas inventé cette méthode qui est usitée partout dans le monde, on ne peut céder ces locaux qu'aux services publics”, précise le ministre. La problématique des locaux commerciaux suscite en effet le mécontentement des locataires au niveau de la majorité des sites de l'AADL qui y voient une source d'ennuis. Devant l'impuissance des gérants de sites qui ne sont pas dotés de moyens dissuasifs, des SDF ou carrément des toxicomanes et délinquants y trouvent refuge pour s'adonner à leurs vices. Souvent, les citoyens dont la sécurité des familles est en danger sont contraints de faire appel aux services de police pour déloger les intrus. Une autre préoccupation des locataires portée à l'attention du ministre : payer des charges sans satisfaire la contrepartie. Là encore le premier responsable du secteur a usé de sa “diplomatie” pour expliquer que plus de 40% des charges servent à couvrir à long terme les frais générés par le ravalement et l'étanchéité, ce qui nécessite beaucoup d'argent. Mais rien sur les ascenseurs qui tombent souvent en panne et dont la patience des locataires est mise à rude épreuve avant une réparation éphémère. Le ministre a conclu le point de presse en confirmant qu'un texte de loi est en promulgation sur la réorganisation de la promotion immobilière devant mettre à cette occasion le holà sur cette activité qui prend en otages des citoyens. Relogement des chalets cette semaine Le wali d'Alger a confirmé que le relogement des chalets se fera graduellement cette semaine. Il est prévu, selon notre source, plus de 700 familles touchées dans une première étape et cela concernera un des sites de Bordj El-Bahri. Revenant sur la protesta qui a eu pour théâtre le site de Doudou-Mokhtar, il y a quelques jours, le wali a été clair pour dire que le travail des services concernés a été fait d'une manière irréprochable. “Les familles qui ont été recensées en 2007 ont toutes été relogées. Ceux qui sont venus après cette date ne peuvent prétendre à cet avantage. Si on se mettait à reloger toute personne qui arrive au dernier moment, il nous faudrait des centaines de milliers de logements. Les non-méritants n'ont pas droit. Beaucoup d'enseignements sont tirés à chaque relogement. Imaginez qu'on a eu à constater des mariages blancs qui se sont terminés par un divorce la veille de l'opération. Ne défendons pas l'indéfendable. Quand un cas est digne d'intérêt, nous sommes là pour le régler. La preuve est que nous avons relogé 950 familles sur 930 prévues. Les recours sont étudiés et régularisés dès que la véracité des déclarations est confirmée. La même situation s'est répétée à Zaâtcha où des intrus ont voulu semer la pagaille. Ils ont été débusqués et déboutés dans leur fausse manœuvre”, a tenu à préciser le wali. Pour ce qui est du devenir des sites ayant fait l'objet de relogement, le premier responsable de la capitale a déclaré que le site de Doudou Mokhtar est actuellement sous protection d'une brigade de la garde communale. Il sera dans peu de temps transformé en espace vert. Le même sort attend le site de Zaâtcha, actuellement en phase avancée de démolition. Un espace vert verra le jour sur ce qui était il n'y a pas longtemps un des points noirs les plus sinistres de la ville blanche. Soucieux de l'embellissement de la capitale et grand amoureux de la nature, le wali d'Alger trouve qu'il n'y a pas assez d'espaces verts dans la capitale, chose qui le pousse à en créer dès qu'une poche est disponible. En matière de relogement, le wali a indiqué que sur les 10 000 logements prévus pour la période allant de mars à octobre, 5 000 logements environ ont été déjà attribués. La moitié restante sera destinée, conformément au programme arrêté, au RHP intra muros. Avant la fin de l'année en cours, débutera le relogement des bidonvilles situés en dehors du centre de la capitale (extra muros). Il est utile de rappeler que le programme du Président de la République concernant l'éradication de l'habitat précaire prévoit la construction de 35 000 logements auxquels il faut ajouter les 10 000 logements cités. Un programme de plus de 45 000 logements devra faire face au même nombre de baraques dans toute la wilaya d'Alger. Pour ce qui est de la récupération des assiettes de terrain où étaient implantés les bidonvilles, le wali a expliqué qu'en fonction des études du PDAU, il sera décidé des équipements publics à y installer (programme logements ou autres). À noter que la visite du ministre de l'Habitat et du wali d'Alger a concerné la pose de la première pierre du programme de réalisation par l'AADL de 1820 logements en partenariat avec la CNEP à Rouiba, la cérémonie de remise des clés aux bénéficiaires du programme AADL 360 logements à Belle-Vue et 320 logements DAS Chaâbane dans la commune de Aïn Benian et enfin la remise des clés aux bénéficiaires du programme AADL 420 logements, (2e tranche) à Mahelma. A. F.