Miguel de Cervantès, auteur espagnol qui a donné son nom à un quartier de la capitale, Alger, ainsi qu'à tous les instituts culturels espagnols dans le monde, continue d'alimenter la polémique suggérée par son œuvre, et ce, des centaines d'années après sa disparition. C'est ce qu'a abordé Mme Adriana Lassel, une figure emblématique sur les études hispaniques en Algérie et dans le monde, dans sa conférence, jeudi passé à l'Institut Cervantès d'Alger, qui avait pour thème : “La captivité de Cervantès, polémique sur quelques sujets que celui-ci expose”. En effet, durant plus d'une heure, l'intervenante abordera les cinq années de captivité de l'auteur de Don Quichotte, à Alger, à l'époque ottomane : “Cervantès a séjourné cinq ans à Alger en captivité.” Selon elle, ces années ont été décisives dans la formation caractérielle de l'auteur, mais elles ont aussi eu une incidence sur sa vie littéraire. Sur le plan caractère, Cervantès “apprendra la patience dans l'adversité”. Sur le plan littéraire : alors qu'il n'écrivait que quelques poèmes, après son retour en Espagne, il devint un écrivain. Autant dire que cette période algéroise a beaucoup influencé “son caractère littéraire”.Autre fait important soulevé par l'intervenante : “Il a laissé une vision, un regard perspicace du contexte dans lequel il a vécu à Alger, mais rien sur l'intimité personnelle.” En fait, tout ce “que nous savons sur sa captivité, nous le saurons à travers quelques œuvres”, ajoutera-t-elle. Capturé en 1575, avec son frère, par des corsaires, il bénéficia d'un traitement de faveur. Grâce aux lettres de recommandation qu'il avait sur lui, il ne fut pas mis avec les autres captifs, jouissant ainsi d'une liberté de mouvement. L'oratrice dans sa communication révèlera qu'à travers les œuvres de Miguel de Cervantès, une certaine vérité sur la vie des captifs à Alger durant cette époque est révélée : ces derniers ne restaient pas enchaînés. “C'est une idée fausse”, dira-t-elle. Durant cette période de captivité dorée, si on peut la qualifier ainsi, Cervantès n'est pas resté les bras croisés. Quatre tentatives d'évasion sont à inscrire à son actif, mais qui se sont soldées par un échec. Sans aucune incidence pour lui. Par ailleurs, des hypothèses sur le fait qu'il n'eut pas le même traitement que les autres captifs ont circulé. Mais jusqu'à aujourd'hui, le mystère plane. Il a emporté son secret avec lui. Enfin, tout au long de cette conférence, Mme Adriana Lassel a mis l'accent sur le fait qu'à travers les œuvres de Cervantès, c'est la vie sociale d'Alger qui est dévoilée, ou une partie. Sans toutefois faire allusion à la vie littéraire dans cette ville. “Le fait qu'il ne donne pas de description de l'architecture ou de la musique algéroise ne signifie pas que cela n'existait pas.” En définitive, malgré toutes les supputations et autres polémiques autour de l'œuvre de Cervantès, il n'en demeure pas moins que ses œuvres ont été influencées par ces cinq années de captivité. Dans trois d'entre elles, ce sujet est explicitement abordé.