L'objet du conflit repose sur la situation du cimetière à quelques mètres seulement des constructions et d'une polyclinique Une vive tension monte au niveau des villages de Bouhoukal et d'Igherbiene, dans le douar de Boumahni, relevant de la commune d'Aïn Zaouïa, à quarante kilomètres au sud de Tizi Ouzou. L'effervescence de la population de ces citoyens est accentuée par le refus des autorités d'annuler le choix du terrain destiné à réaliser un cimetière au profit du village de Bouakèche, contesté pour diverses raisons citées dans la correspondance adressée au wali de Tizi Ouzou (dont nous détenons une copie). Les rédacteurs du document en question écrivent que l'objet du conflit repose sur les points suivants : situation du cimetière à quelques mètres seulement des constructions, dont une caserne militaire et une polyclinique, implantation de ce projet sur le passage obligé des élèves, tous âges confondus, d'où la contrainte et le stress que cela pourrait engendrer, notamment à la tombée de la nuit, présence de points d'eau à proximité, terrain gorgé d'eau en tuf perméable susceptible de favoriser la fluidité des eaux et, partant, extérioriser les odeurs de la décomposition des cadavres. Aussi, on peut lire : “Il nous apparaît opportun, au regard de l'évolution de la situation qui prévaut au sein de notre environnement, de faire appel à votre esprit d'équité et de compréhension, en votre qualité de premier magistrat de la wilaya, à l'effet de prendre les mesures qui s'imposent pour mettre un terme au conflit latent qui couve en profondeur au niveau de trois villages, en l'occurrence Bouhoukal, Igharbiene et Bouakèche.” Un peu plus loin, les contestataires reviennent sur l'implantation de ce cimetière qui, disent-ils, est sur un patrimoine forestier, terrain contesté par les habitants des deux premiers villages précités. “Déjà contesté au départ pour diverses raisons, ledit projet a été maintenu et imposé par les autorités locales, APC et daïra, sur la base d'un PV de sortie sur le terrain émargé par une pléiade de techniciens qui n'a pas évalué les conséquences qui peuvent découler en cas d'affrontements entre les parties litigieuses”, avertissent-ils par ailleurs tout en évoquant le silence à leur appel du cœur et de la raison adressé au P/APC de la commune. Dans le même écrit, les deux comités de village estiment que c'est leur devoir d'emprunter cette voie et mettre au courant le premier magistrat de la wilaya, afin de situer les responsabilités des uns et des autres en cas de préjudices regrettables qui pourraient surgir, mais qui pourraient être évités en faisant appel à la sagesse et à la compréhension. Revenant sur les caractéristiques de l'implantation dans un tel endroit, ils estiment que sur le volet spirituel, un tel projet exige l'isolement et le repos éternel des morts loin de tout bruit et autres cacophonies des vivants. Pour les habitants des deux villages contestataires, ce site se prête beaucoup plus pour l'implantation de projets d'utilité publique plus conséquents de par son positionnement à proximité de structures publiques fonctionnelles avec un accès sur un environnement ouvert sur le douar dans sa globalité. “Notre pressant appel est consécutif à un événement regrettable survenu lors du balisage du projet, objet du litige. Considérant le début des travaux comme une provocation, un semeur de troubles dont nous ignorons l'identité s'est empressé de déterrer les balises mises en place sans se rendre compte de son acte inconscient susceptible d'être l'étincelle d'un embrasement général. La réaction ne se fit pas attendre. De passage à proximité, un pauvre citoyen issu des villages contestataires tombe dans un traquenard et reçoit une correction d'une rare violence, il n'eut la vie sauve que grâce à l'intervention des sages”, racontent les rédacteurs dans leur lettre. Ces derniers affirment qu'à ce stade critique, la goutte a débordé du vase et le mouvement est enclenché. “La violence vient de prendre le dessus avec cette attaque d'un pauvre citoyen inconscient, il nous est impossible de maintenir ou d'apaiser les jeunes en ébullition. C'est la raison pour laquelle nous vous prions de prendre les mesures qui s'imposent afin de réguler le cours des choses et apaiser les tensions qui couvent en profondeur dans un environnement hostile dû à l'incompréhension humaine”, telle est la conclusion de cette correspondance.