Une belle voix. Une présence scénique et beaucoup d'émotion. Trois ingrédients qui ont étoffé le concert de cette chanteuse engagée pour la cause de son pays. Le cycle “Nouvelles musique d'Orient” de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel se poursuit — jusqu'au 20 juin 2010 — avec des voix et des talents représentant la nouvelle vague, la nouvelle génération. Vendredi, le public était convié au concert de la chanteuse palestinienne Rim Banna, à 19h, à la salle Ibn Zeydoun (Oref). Un concert gorgé de symbolique et d'émotion. Car l'artiste l'a dédié à tous les Palestiniens “croupissant” dans les prisons israéliennes et ceux qui combattent l'injustice. Rim Banna est une chanteuse, compositrice et arrangeuse palestinienne née à Nazareth où elle vit actuellement avec sa famille. Révélée au début des années 1990 avec ses chansons et comptines pour enfants, elle atteint la reconnaissance dans le monde arabe et sur la scène internationale grâce à ses enregistrements de musiques et de chansons traditionnelles palestiniennes, qu'elle reprend et arrange en collaboration avec son mari. Sa démarche artistique est guidée par sa volonté d'exprimer l'identité du peuple palestinien à travers sa musique traditionnelle, qu'elle contribue à préserver et à promouvoir à travers ses disques et tournées dans le monde. Elle continue aussi à collecter les poèmes populaires et à les mettre en chanson afin de les préserver de la disparition. Lors de cette soirée – où on a enregistré une forte présence de la communauté palestinienne en Algérie –, au travers de la mélodie et de la parole, ce concert est une ouverture sur la culture et le patrimoine immatériel d'un pays meurtri, qui a besoin de beaucoup de compassion : la Palestine. “Aujourd'hui, je vous présente des chansons de Palestine. Je vous emmène avec moi dans une traversée dans ce pays à travers les chansons. Peut-être pourrions-nous desserrer l'étau.” C'est avec ces mots que Rim Banna entamera son concert. La première chanson Tahlila est une berceuse palestinienne qu'elle dédie à toutes les mamans. C'est a cappella qu'elle l'interprétera. Beaucoup d'émotion. Dans un style où la fusion est très présente, Rim Banna n'aura de cesse d'interpréter des chansons puisées dans le terroir palestinien qu'elle revisite musicalement. Une nouvelle orchestration, de nouveaux instruments. De nouvelles sonorités plus pop, rock, des fois des relents de jazz & blues. Les titres se succèdent. Le public est charmé. Il applaudit. Il chante. Surtout les Palestiniens vivant en Algérie. D'ailleurs, la plupart des titres interprétés étaient dédiés aux prisonniers, aux résistants de ce pays martyr. Par ailleurs, deux chansons ont plongé l'assistance dans une sorte de recueillement. Celles qui racontaient l'histoire de Sarah, ce bébé palestinien assassiné suite à un tir israélien, et de cet enfant martyr dont la photo a fait le tour du monde. Il faisait face aux tanks de l'occupant avec une pierre dans la main. Beaucoup d'émotion et de chagrin. C'était un hommage aux habitants de Gaza aussi. Toutefois, la bonne humeur revient et l'artiste nous entraîne dans son univers musical. Un univers constitué de patrimoine. En interprétant ces chansons, des images du quotidien palestinien défilaient devant nos yeux (avec un peu d'imagination). Un quotidien qui appartient à un passé où la paix régnait. Avec beaucoup de peps et d'énergie, Rima Banna, cette ambassadrice de la chanson palestinienne new wave, a pu le temps d'un concert rallier à sa cause tout un public. Bissée, elle reviendra sur scène pour interpréter une chanson algérienne. Une manière pour elle de remercier l'Algérie pour son accueil.