Résumé : Mohamed et Ali sont embauchés chez Si El Bachir. Enfin ils ont un travail sérieux et durable. Si Mohamed est content, Ali l'est encore plus. Il reconnaît que si sa chance a bien tournée, c'est grâce à Mohamed. 36eme partie Mohamed sourit. - Alors on reconnaît ses torts ! C'est bien. Mais mon ami, ce n'est pas pour moi que tu vas travailler. Moi, je n'ai été qu'un fil conducteur. Te voilà fonctionnaire chez un riche commerçant. Tu vas t'occuper du transport de ses marchandises et… - Mais… J'ai oublié de lui avouer que je ne savais ni monter ni conduire un cheval ! - Ce n'est pas du tout un problème. Tu apprendras très vite avec moi. Dans quelques jours, tu sauras conduire ta bête et la dompter à ta manière. - Je compte sur toi Mohamed. Sinon je suis perdu. Il avait l'air tellement vulnérable, que Mohamed lui entoure les épaules de ses bras. - Dès demain nous entamerons nos tâches. Pour un début, tu n'auras rien à livrer. Mais une fois que j'aurais comptabilisé les marchandises et répartis les lots à livrer, tu commenceras le transport. Je vais t'aider au début. Il faut une certaine manière et un certain savoir-faire pour pouvoir vendre et acheter. C'est ça le commerce. Mon père m'y avait initié dès mon jeune âge au village, mais en ville cela doit être bien différent. Chez nous, nous livrons juste quelques fruits et légumes, du foin, parfois des grains et des produits laitiers. Mais dans cette grande cité, les besoins doivent être bien plus importants. - Oui. Ici, les gens ont des besoins bien plus importants. Ils sont plus snobs et préfèrent passer commande qu'aller eux-mêmes récupérer leurs courses. - C'est tout de même une bonne chose pour les commerçants. Cela leur permet de travailler et de donner du travail aux autres. La journée était bien avancée quand les deux jeunes gens se quittèrent. Mohamed avait acheté du pain, des olives et quelques fruits pour son dîner. Et Ali se contenta d'accepter juste le pain, prétextant qu'il y avait encore assez de légumes chez lui pour que sa mère lui prépare un bon dîner. Ils se quittèrent au seuil de la maison de Mohamed et se souhaitèrent réciproquement beaucoup de chance pour le lendemain. Il pleuvait à grands flots au petit matin, lorsque Ali vint réveiller Mohamed. Ce dernier suggéra de descendre tout de suite au lieu indiqué pour leur rendez-vous avec Si El Bachir. Ils trouvèrent ce dernier en train de siroter un café et ne refusèrent pas de s'asseoir à sa table pour un copieux petit-déjeuner. L'homme avait l'air heureux. Il riait et donnait de grandes tapes aux deux jeunes gens. Après un moment de détente, ils se levèrent et se dirigèrent vers les magasins. Le patron, leur énuméra les tâches à effectuer. Mohamed et son compagnon ne se firent pas répéter deux fois les mêmes consignes. Ils se mirent au travail et ne s'arrêtèrent qu'au milieu de la journée pour casser la croûte. Si El Bachir ne revint vers eux qu'au soir tombant. Il fut charmé par l'ordre et l'organisation que Mohamed avait entrepris dans les magasins, et félicita Ali pour avoir supporté de rester toute une journée dans la poussière des entrepôts. - Dès demain, nous penserons aux livraisons qui sont pour la plupart urgentes. Tu iras avec Mohamed pour commencer. Ensuite, quand tu auras assez appris sur les manières et les formalités de ces courses, nous pourrions te faire confiance pour travailler seul. Ali était aux anges. Désormais, il ne souffrira plus de la faim ni lui ni sa famille. Il n'aura plus à affronter la police pour ses chapardages et ses escapades. Il était exténué en fin de journée, mais content de lui et bien fier. Une semaine passe, puis une autre. Les deux jeunes gens apprirent toutes les ficelles du commerce. Comment acheter, vendre, revendre, commander, livrer, encaisser et compter. Mohamed s'initiera même à quelques rudiments de comptabilité. Il avait appris à écrire son nom et à signer. C'était déjà pas mal pour un début. Y. H. (À suivre)