Louisa Hanoune s'impatiente. Elle trouve que l'Algérie de la loi de finances complémentaire pour 2009 lui va comme un gant et ne comprend pas qu'elle ne soit pas déjà au gouvernement. Pourtant, depuis quelque temps, tout l'y prédestine : les louanges du Président, l'hommage d'Ouyahia et le “quota” d'élus somme toute remarquable. Elle sait que si elle n'arrive pas au pouvoir en ces temps où tous les mariages sont possibles, il y a des chances qu'elle n'y arrivera jamais. Alors, elle donne des indications au décideur : “Il ne faut pas que ce changement soit un simple lifting”, c'est-à-dire un remaniement qui remplacerait d'actuels ministres par d'autres issus de la coalition en place et de l'entourage du Président. Avec Louisa Hanoune, ce sera de la chirurgie, pas du lifting ! Cela fait tellement longtemps que la porte-parole du Parti des travailleurs, par l'odeur du pouvoir proche alléchée, fait son marketing. Le retour au tout-Etat et au protectionnisme dans une démarche tendancieusement appelée “patriotisme économique” et qu'autorise le raffermissement du prix du pétrole, constitue aux yeux de la chef du PT l'occasion d'exhiber un profil tout fait pour aller en guerre contre le marché et l'entreprise privée. Le Forum des chefs d'entreprise vient de lui servir de prétexte pour la démonstration de ses convictions antilibérales. C'est le gouvernement en place qui, pourtant, lui a indiqué la cible : en demandant le retrait des entreprises publiques, il jette une sorte de présomption de culpabilité sur la principale organisation patronale. Même si elle se défend de son idéologie, qui mieux qu'un trotskyste pour jeter l'anathème sur les entrepreneurs privés, opportunément accusés de servir les desseins des marchés américains et européens. Il faut exclure le privé, tête de pont du capitalisme dans notre pays… socialiste ! Mais voilà, le système totalitaire communiste qui faisait pièce au système capitaliste exploiteur n'existe plus. Se couper du marché aujourd'hui, c'est se couper du monde ; et se couper du monde, c'est se couper du développement. Le gouvernement connaît sûrement les limites du “patriotisme économique”, Louisa Hanoune aussi. D'ailleurs, étrangement, l'aversion pour le marché ne va pas jusqu'au rejet de la bourse du pétrole. Contre les pétrodollars, on souffre sans se plaindre de contribuer à la bonne marche des économies occidentales. Cela sert à bien payer les élus et les hauts cadres et à mal payer les fonctionnaires tout en empêchant les réussites autonomes. Le dernier Conseil des ministres nous a surtout appris qu'il n'est pas question de remaniement, ni en surface ni en profondeur. Il aurait été paradoxal de remanier, au bout d'un an, un Exécutif qui se réunit une fois tous les six mois. Louisa Hanoune devrait avoir d'autres cibles que la MAK, déjà copieusement accablé, et le FCE, son dernier thème. Telle Zangra, elle devra guetter le désert politique national d'où “l'ennemi me fera héros”. “En attendant ce jour”, et la prochaine rumeur de remaniement, il y a toujours le siège désœuvré mais payant de l'APN. M. H. [email protected]