Le lendemain de la passation, le nouveau ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a tenu à défendre l'image du pays écornée par le scandale Sonatrach. Dans une déclaration lue par le conseiller du département, M. Dahmani, à l'ouverture hier à l'hôtel Aurassi du second symposium international sur la capture du carbone et de son stockage, organisée par le forum international de l'énergie (IEF), il a souligné que l'Algérie est un pays pionnier dans la mise en œuvre des technologies de capture de CO2 et son stockage dans les champs de gaz on shore. Devant un auditoire composé de représentants de grandes compagnies comme BP, GDF Suez, Schlumberger, Alstom, JGC et d'organisations comme l'Opep et l'IEF, il a rappelé que lors du premier symposium organisé à Pékin en septembre 2009, l'Algérie a manifesté son intérêt à contribuer à ce débat, en proposant l'organisation de la seconde édition à Alger. “Je voudrais réaffirmer l'engagement de mon pays à soutenir le développement des technologies de séquestration de CO2 et leur éligibilité au mécanisme de développement propre (dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques).” À cet égard, il citera le projet d'In-Salah, le champ de gaz exploité en partenariat entre Sonatrach, BP et Statoil, l'un des rares dans le monde à mettre en œuvre les technologies de séquestration de CO2 (injection de CO2 dans le gisement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre). Le projet d'In-Salah a mis en œuvre pour la première fois dans le monde cette technologie dans un gisement de gaz. C'est l'un des rares dans le monde concernant la séquestration de CO2. Durant les quinze années d'exploitation de ce champ, le gisement d'In-Salah va capturer et injecter à l'intérieur du réservoir 20 millions de tonnes de CO2. En d'autres termes, cela représente 60% de réductions de volumes de gaz à effet de serre (générés par l'exploitation du champ), un volume équivalent aux émissions de 200 000 voitures parcourant 30 000 kilomètres par an. En marge du symposium, un responsable d'In-Salah Gaz a indiqué que Sonatrach et ses partenaires injectent 600 millions de mètres cubes de Co2 par an dans le champ. Ils ont investi 100 millions de dollars dans le projet. Cet exemple va faire sûrement tache d'huile puisque Total et GDF Suez en partenariat avec Sonatrach comptent réaliser un projet de séquestration de CO2 dans les champs de gaz respectivement de Timimoun et Touat en cours de développement dans le sud-ouest, a-t-on appris lors de la rencontre. Autre projet : le TSGP, le projet de gazoduc reliant le Nigeria via le Niger d'une capacité de 25 milliards de mètres cubes par an. “Ce projet en partenariat (entre Sonatrach et la compagnie nationale nigériane) contribuera de manière significative à la réduction de gaz à effet de serre au-delà de son impact positif sur la déforestation en Afrique en substituant le gaz au bois au bénéfice de larges populations de la région”, a ajouté le ministre. Par ailleurs, Youcef Yousfi, a rappelé la position de l'Algérie, dans le cadre du débat post-Kyoto, à savoir la nécessité de tenir compte des impacts des mesures en matière de lutte contre les changements climatiques sur les pays exportateurs d'hydrocarbures. Enfin, au cours du symposium, il sera question de discuter et de défendre l'éligibilité des projets de séquestration de CO2 dans les gisements de gaz dans le mécanisme de développement propre, la porte ouverte à leur enregistrement auprès des Nations unies en vue de la monétisation des quantités de CO2 injectées en vue de transactions sur le marché international des crédits carbone. Des gains substantiels en devises en perspective pour l'Algérie, eu égard à l'importance des projets de séquestration en Algérie. Encore faut-il relever le défi technologie de la fiabilité de ces technologies et celui réglementaire, en un mot la reconnaissance internationale de la fiabilité des techniques de séquestration de CO2 dans les gisements de gaz.