C'est au pavillon Carré de Baudouin — flambant neuf — rue de Minelmontant, 20e arrondissement de Paris, que l'ACB a eu “la battante idée” d'organiser un colloque fort intéressant, qui met en avant la femme battante, plus que la femme battue. Ce fut l'occasion pour nous de retrouver, entre autres, Rayhana, l'enfant terrible née à Alger, qui a fait ses premiers pas à Béjaia et qui explose à Paris. Comme quoi, “à malheur, quelque chose est bon” ! L'agression dont elle a été victime à Paris, loin de la réduire au silence, lui a ouvert grandes les portes de la célébrité. Après plus de dix années, nous la retrouvons donc “en pleurs et en joie”. Animé par Soad Baba Aïssa et Fatema Djaroudi, le colloque s'est déroulé en “high speed”. Les intervenantes se sont succédé au rythme de toutes les quinze et cinq minutes pour les témoignages. Un hommage émouvant a d'abord été rendu à Nassira Si Mohamed, cheville ouvrière de l'ACB, partie trop tôt sur le front du militantisme féministe et de l'engagement culturel aux multiples facettes. Fatima Lalem, élue à la mairie de Paris, adjointe chargée de l'égalité homme/femme, a exposé “La politique locale contre les violences faites aux femmes”, avant de céder le micro à la pétillante Christine-Sarah Jama, directrice de l'association Voix de Femmes, qui interviendra sur “Les discriminations et mesures de protection des femmes confrontées au mariage forcé en France”. La pause musicale avec la slameuse Milouda fut un vrai régal : âgée de plus de soixante ans, Milouda a appris le français sur le tard, dans un atelier d'alphabétisation, et elle est en passe de devenir une vraie star de la scène : présence scénique, humour, élégance, verbe chaud, même si “à la scie”. Frédérique Calandra, maire du XXe, prendra la parole de la salle pour exprimer tout son enthousiasme pour le colloque et son indéfectible soutien à l'ACB. Anne Jonquet, avocate, nous apprendra le respect des droits de femmes au regard des règles du droit international privé français. Intervenant en duo, Djaouida Sehili, docteur en sociologie, et Fouzia Hamhami, responsable de l'espace Femmes Citoyennes de l'association des travailleurs maghrébins en France, nous ont tracé le parcours des “dites immigrées, de la représentation à la réalité”. Le colloque s'est terminé sur l'intervention de Zohra Kassou, sociologue, conseillère municipale à Champigny-sur-Marne (94) : “De la double oppression des femmes immigrées.” C'est Rayhana qui a ouvert les hostilités avec son verbe coup-de-poing que nous lui connaissons depuis toujours. “Ma liberté en actes !” De belles pages littéraires vont suivre avec Faroudja Amazit, auteure de Mes larmes invisibles et Salima Senini, la “jongleuse de double culture” qui veut rester algérienne et se dit “plus française que les Gaulois”. Le colloque s'est terminé par un pot au siège de l'ACB. Ce fut l'occasion de grandes retrouvailles, d'embrassades, de rires et de projets.