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Alger : la vue en rouge
Conjonctivite : Rush sur les hôpitaux
Publié dans Liberté le 25 - 08 - 2003

Elle va vite, la conjoncti…vite, et même très très vite. Tous les services ophtalmo des hôpitaux d'Alger étaient submergés hier. Tous les centres de santé connaissaient un véritable rush des “conjonctivistes”.
Les yeux larmoyants, ils viennent par familles entières squatter les urgences des hopitaux. À Alger, ces derniers jours, un climat de panique et d'hystérie s'est installé dans les esprits. Pourtant, autant le dire tout de suite : la conjonctivite n'a rien d'une maladie grave, et le plus souvent, ses symptômes disparaissent au bout de quelques jours, rassurent les médecins.
Cela dit, on ne peut pas nier que le phénomène prend de l'ampleur. Hier, au CHU de Bab El-Oued (ex-hôpital Maillot), il y avait au moins 500 personnes qui se bousculaient devant le service d'ophtalmologie de l'hôpital pour une consultation. Les médecins étaient dépassés. Dans les salles de consultation, les malades se succédaient autour de deux “lampes à fente” où ils se faisaient examiner par des résidents dont certains étaient en lunettes noires, signe qu'ils avaient chopé le virus.
Le vendredi 22 août, le CHU a enregistré 760 cas et samedi, 740 cas. Hier, jusqu'à la mi-journée, il y avait 400 cas. À Parnet, mercredi 20 août, il a été enregistré 600 personnes atteintes par la conjonctivite virale. Au centre de santé de Mohamed-Belouizdad, il y a eu 120 cas à la mi-journée d'hier. “Tous les 15 centres de santé du secteur sanitaire de Sidi-M'hamed sont mobilisés”, indique M. Madani, surveillant médical au centre de santé de Bouguermine. À noter que le service d'ophtalmologie de l'hôpital Mustapha est en pleins travaux. Aussi, tous les malades relevant dudit service sont transférés vers le centre de Mohamed-Belouizdad. Du coup, c'est dans un brouhaha général et un énorme tohu-bohu que nous avons trouvé ce centre hier. Les malades affluaient de partout, à l'instar de ce docker qui travaille au port d'Alger et qui est venu des Eucalyptus. “Je suis en arrêt de travail depuis deux jours. Toute ma famille est contaminée. Je sens une lame lacérer mes yeux !”, dit ce jeune homme, les yeux complètement rougis par de terribles démangeaisons.
Une foule est amassée devant le bureau de l'ophtalmo de service. Des clameurs montent. Des récriminations. Une mère s'affole : “Je veux vite un médecin. Regardez dans quel état se trouve mon fils !”, Le surveillant médical essaye de la calmer. Rien n'y fait. La femme crie de plus belle en explosant en larmes : “Win rah el-moudir ?”
Chaque jour, un tableau, intitulé “situation journalière de la conjonctivite”, est envoyé aux services concernés. Dans une situation établie samedi dernier, il a été enregistré 95 cas répartis comme suit : 40 hommes, 35 femmes et 20 enfants. À Mohamed-Belouizdad, si l'origine de la maladie n'est pas encore localisée, on évoque la promiscuité et le manque d'hygiène comme facteurs aggravants. “Nombre de malades sont issus des camps de sinistrés. La conjonctivite se propage par la manipulation d'ustensiles communs ou l'utilisation d'effets de toilette par plusieurs personnes (serviette, savon…). C'est pour cela que les sinistrés sont les plus exposés à la maladie”, nous explique-t-on.
Au service épidémiologie du CHU de Bab El-Oued, il nous a été clairement signifié que l'origine de la maladie n'est pas encore identifiée. “On sait seulement qu'il s'agit d'une conjonctivite virale. Mais on ne sait pas si elle provient de la plage ou bien de l'air ou d'un autre vecteur”, nous explique-t-on. Les résultats des examens étiologiques ne seront connus que dans une semaine.
Attention, ça picote !
En attendant, la maladie continue à galoper. Et on ne parle que de cela à Alger. Dans nombre d'entreprises, les employés qui affichent les moindres signes de rougeoiement suspects sont mis en quarantaine et priés de rester chez eux. Au moindre picotement, des personnes s'affolent. Des travailleurs refusent de serrer la main de leurs collègues contaminés afin de ne pas choper le méchant virus.
En revanche, dans les milieux hospitaliers, les médecins et le personnel paramédical ne rechignent pas à être en contact avec les malades, au risque de voir la vie en rouge. Un agent de sécurité du service ophtalmologie de l'hôpital Maillot avait les yeux rouges, hier. “C'est ici que j'ai attrapé ça !”, avoue-t-il. On peut remarquer que certains employés de l'hôpital utilisent des lunettes de soleil pour se prémunir, pensent-ils, contre la pathologie. Il semblerait que certains malades hospitalisés aient été contaminés dans l'enceinte même des services de l'hôpital.
L'ampleur de l'épidémie a été telle que des familles entières ont été touchées. Ce qui n'a pas seulement été désagréable pour les yeux mais aussi pour les bourses. Car, le traitement étant par définition individuel, c'est autant de “packs” d'antibiotiques à acheter pour chaque membre de la famille. Le ministère de la santé aurait mis des médicaments au niveau des centres de santé publics, mais les stocks ont vite été épuisés, semble-t-il.
À l'hôpital Maillot, des bienfaiteurs ont fait don de pommades ophtalmiques et collyre (boîtes de Clomycine, de Loxtra et autre Croma), mais elles n'étaient pas recommandables. Les médecins hospitaliers prescrivent généralement du Rifamycine en gouttes et pommade, que la tutelle aurait mobilisé en bonne quantité. Mais cela ne répond plus aux énormes besoins des hôpitaux. Les malades, des citoyens sans ressources pour une bonne partie, s'ils bénéficient d'une consultation gratuite, se voient obligés d'acheter le traitement chez le pharmacien (à 300 DA en moyenne). Quand on a plusieurs membres de la famille qui sont atteints, comme c'est souvent le cas, le traitement revient cher.
Certaines officines connaissent un véritable rush sur les anti-inflammatoires ophtalmiques : Rifamicyne, Chibroxyne, Fucithalmic, Oriomicyne, etc, et parfois, il y a des ruptures de stock. Un pharmacien de Bab El-Oued révèle : “Certains grossistes de produits pharmaceutiques profitent de la conjoncture pour faire du business. Ils nous donnent les médicaments au compte-goutte, et en procédant à des ventes concomitantes.” Ironie du sort : le pharmacien qui nous tient ces propos est lui-même atteint par la conjonctivite. “J'ai chopé ça hier”, dit-il, les yeux rouges cachés derrière des lunettes fumées. “J'ai dû serrer la main à des clients, ou alors qu'un courant d'air a introduit le virus. Et maintenant, j'ai contaminé mon bébé et toute la famille”, ajoute-t-il. Sa collaboratrice lui conseille à juste titre de ne pas revenir à l'officine au risque de contaminer ses clients…
N. A./M. B.


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