Certes, le troisième président d'Afrique du Sud démocratique revendique ses origines zouloues, sa polygamie — il a quatre femmes et dix-huit enfants —, n'hésite pas à danser en tenues traditionnelles, vêtu de peaux de bêtes et de léopards, et à entonner facilement le chant anti-apartheid Umshini Wami (apporte-moi ma mitraillette), mais il ne se limite pas à ces manifestations folkloriques. C'est un très grand observateur qui connaît les difficultés économiques et sociales de son pays. Si bien qu'après un an au pouvoir, Zuma, loin d'avoir démérité, malgré la crise économique qui frappe son pays de plein fouet, pourrait même se prévaloir d'un bilan honorable, notamment en matière de santé et de lutte contre le sida, l'Afrique du Sud étant le pays le plus touché par l'épidémie (5,7 millions de séropositifs, selon l'Onusida). Ce n'est pas surprenant, Jacob Zuma a derrière lui un long parcours politique. Recruté par l'ANC (African National Congress) à 17 ans, en 1959, il intègre, deux ans plus tard, sa branche armée, qui a pour chef Nelson Mandela, l'icône de la lutte anti-apartheid et père de “la nation Arc-en-ciel”. En 1963, il est incarcéré aux côtés du futur premier président noir d'Afrique du Sud à Robben Island, sinistre île-bagne de l'apartheid, au large du Cap, devenue rapidement un lieu de formation des cadres de l'ANC, à la barbe de ses geôliers racistes. Il y apprend beaucoup. À sa sortie, dix ans plus tard, contraint à l'exil, il prend la tête des services de renseignements et de sécurité du Congrès. Et entame, aux côtés de Thabo Mbeki, élu président en 1999, son ascension vers le pouvoir. Contrairement à ce dernier, il a engagé de façon frontale le combat contre le sida et la guerre contre la discrimination raciale que la pauvreté a maintenus. Zuma, à l'inverse de Mbeki, est un démocrate convaincu. Il n'a pas invité El-Béchir du Soudan à la fête du foot en lui précisant que tant qu'il sera sous le coup d'une inculpation de la part de la CPI (Cour pénale internationale) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, il sera malvenu que le pays de Nelson Mandela l'accueille.