Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le mouvement Wafa (non agréé) de Ahmed Taleb Ibrahimi a annoncé que les services de la police judiciaire d'Alger “ont procédé, le 12 août courant, à la levée des scellés au siège (du parti) sis à El-Biar”. Tout en se félicitant de voir le citoyen bailleur récupérer ainsi “sa propriété dont il fut injustement privé de l'exploitation durant trente-trois mois”, le porte-parole du mouvement et signataire du communiqué, Mohamed Saïd, saisit cette occasion pour “inviter de nouveau le ministère de l'Intérieur à publier au Journal officiel le récépissé de son agrément”, en tant que parti politique “ayant rempli toutes les conditions et respecté toutes les procédures conformément à la l'article 22 de la loi sur les partis”. Le mouvement Wafa tente ainsi de rouvrir et de remettre à l'ordre du jour le dossier de son agrément qui avait longtemps fait l'objet d'une vive polémique entre des responsables et le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. La polémique avait cessé suite à la mise sous scellés du siège du parti, ordonnée le 13 novembre 2000. Ahmed Taleb Ibrahimi s'était alors résigné à accepter le fait accompli, et n'évoquera plus la question de l'agrément de son parti. La levée des scellés au local qui devait servir de siège national au mouvement Wafa, semble aujourd'hui redonner à ses responsables l'espoir d'obtenir enfin l'agrément que le pouvoir lui refusait jusqu'ici sans justifier ce refus par quelque argument juridique. Sollicité par la presse à plusieurs reprises, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, se limitait alors à répondre qu'il ne serait pas celui qui permettrait “la reconstitution du parti dissous (le FIS, ndlr)”. Une réponse qui n'arrivait pas à convaincre grand monde, d'autant que beaucoup estimaient que le retour du FIS sur la scène politique légale pouvait être l'un des desseins secrets de Bouteflika. D'aucuns pensaient que ce n'était qu'“une question de temps” et que Bouteflika attendait “le bon moment” pour agir dans ce sens. “Le bon moment” serait-il donc arrivé ? On peut le penser et cela expliquerait que les responsables de Wafa se prennent à espérer de nouveau en un agrément de leur mouvement. Ce ne serait pas le premier interdit que l'on lèverait ainsi en faveur de la mouvance islamiste. Libéré le 2 juillet dernier de la résidence surveillée, Abassi Madani a pu, ce week-end, quitter le territoire national. À peine arrivé au Qatar, sa première escale, avant de se rendre à Kuala Lumpur, sa destination finale annoncée, Abassi a accordé une interview à la chaîne de télévision Al-Djazira. C'est là la première intervention publique du chef du FIS depuis la levée de l'assignation à résidence à laquelle il était soumis depuis sa sortie de cellule en août 1997. Cette sortie publique “est probablement de nature à satisfaire le président Bouteflika à moins d'un an de la présidentielle où il briguera un nouveau mandat”, estime l'agence Reuters, qui rapportait, hier, l'essentiel de l'intervention de Abassi à la chaîne qatarie. La levée des scellés du siège de Wafa serait-elle donc un autre “gage de bonne volonté” de Bouteflika à l'endroit de l'islamisme ? Les responsables de Wafa l'espèrent. S. C.