Il parle de son travail avec passion. Il aime jouer avec la lumière sur tous les supports. Admirer ses œuvres, c'est comme se retrouver accoudé à une fenêtre face à une vue apaisante, pleine de couleurs vives et de formes géométriques. C'est une projection dans l'avenir. Liberté : Comment en êtes-vous venu à la peinture ? Khaldi Messaoud : Mon intérêt pour cet art ne relève pas d'un choix que j'ai cultivé, comme on choisit sa carrière après ses études. C'est plus un talent, un don qui s'est manifesté dès ma plus tendre enfance. D'une certaine manière, c'est la peinture qui m'a choisi, non l'inverse ! Les travaux de certains artistes sont inspirés par leur famille, leur environnement et leurs origines. Or, vos peintures sont uniques. Les couleurs et les formes ne se rapportent à aucun de ces aspects. Que recherchez-vous lorsque vous peignez ? Personnellement, lorsque je peins, je ne fais qu'écouter et suivre mon instinct. Ma peinture prend son essence au plus profond de mon être : mémoire onirique, souvenirs archaïques, pensées métaphysiques. J'écoute également ce que me dicte mon cœur, car la peinture fait partie intégrante du cœur, du corps et de l'âme. À part mon grand amour pour la peinture, aucune autre raison particulière ne m'incite à faire vivre mon art. Je ne cherche rien lorsque je crée mes peintures. Je ne cherche pas, je trouve. Je travaille mes toiles de façon intuitive en suggérant ou en matérialisant des formes plus précises, mais l'essentiel de ma recherche se tourne vers le mouvement. Une idée peut jaillir à partir d'une simple tache sur une nappe, que je souhaite alors travailler pour en faire sortir un tableau. Puis l'idée devient plus forte et je vois mes mains suivre les formes et tracer leur chemin dans mon esprit. Ma peinture suggère des images, vestiges de la mémoire engloutie dans la psyché, que chacun peut ressentir, analyser et interpréter selon sa propre vision. C'est donc en fonction de son vécu personnel que le spectateur pourra pénétrer ce monde inconnu. Mais pourquoi avoir opté pour cette expression dans la peinture ? Mes œuvres ont un seul but : l'invitation au voyage en donnant une clé pour un rêve éveillé que chacun pourra entreprendre subtilement dans des paysages inconnus, sidéraux, aquatiques ou organiques au gré de sa propre imagination. À mon sens, l'artiste des temps actuels doit aspirer à l'universalité, s'il veut laisser une empreinte. Et donc, ma peinture devrait intéresser tout le monde, sans discrimination raciale, ethnique ou autres mouvements déjà instaurés dans le monde des arts. Ainsi, loin du figuratif et de l'abstrait, ma peinture coule de source d'un monde onirique émergeant de la mémoire du passé marquée à jamais par de nombreuses cicatrices. Bio-express Khaldi Messaoud est né en 1953 à Bordj Bou-Arréridj. Il est parti en France à l'âge de deux ans et demi avec ses parents immigrés. Autodidacte, l'homme a peaufiné son style à travers moult expositions individuelles et collectives depuis 1972. Pour avoir essayé différentes techniques, sa préférence va indéniablement à la peinture à l'huile, qu'il exprime aussi bien sur petits que sur grands formats.