Le parquet du tribunal de Tébessa s'intéresse de très près à une affaire de détournement de fonds publics et privés, qui aurait été commis au détriment de ArcelorMittal et dont le montant dépasserait les 60 milliards de centimes, selon des sources proches de cette juridiction. Déclenchée sur la base d'une lettre de dénonciation anonyme adressée au parquet général de Tébessa, l'enquête judiciaire, qui a duré près de seize mois, a permis en effet de délimiter les responsabilités et de prouver le préjudice causé à l'entreprise des mines, affirment nos sources. Le dossier constitué par les limiers de la Police judiciaire serait accablant pour les principaux responsables d'ArcelorMittal Tébessa, à savoir l'ex-directeur général de la société et les deux directeurs des sites de l'Ouenza et de Boukhadra, et l'on s'attend à ce que le parquet, qui a pu de son côté retenir déjà des preuves de malversations prenne des mesures préventives contre les prévenus. Toutes ces personnes sont convoquées par le tribunal, dès le 6 juillet prochain, et on évoque notamment à charge de ceux-ci des présomptions de détournement de fonds public et privé, faux et usage faux en écriture et surtout, est-il indiqué, abus de biens sociaux. Nos sources croient savoir qu'au moins 6 personnes, des sous-traitants qui auraient bénéficié de contrats de complaisance avec la société dans le domaine de la maintenance et des fournisseurs en pièces de rechange, sont elles aussi convoquées par le tribunal en qualité de témoins mais que celles-ci pourraient également être inculpées dans cette affaire, compte tenu de leur implication dans des affaires de fausses facturations. L'affaire défraie en tout cas la chronique à Tébessa et au niveau des villes minières, où les rumeurs les plus folles circulent sur les fortunes accumulées par les personnes ciblées par l'enquête et par l'instruction ordonnée par le ministère public. Les travailleurs d'ArcelorMittal Tébessa, qui ont suivi toutes les affaires de malversations, traitées au complexe sidérurgique, ces derniers mois, sont les premiers à jeter la pierre à leurs propres responsables, coupables à leurs yeux d'avoir participé d'une course effrénée à l'enrichissement personnel au détriment de l'intérêt général. Rappelons enfin que l'ex-directeur général de ArcelorMittal Tébessa a fait l'objet d'un licenciement en mai 2009, c'est-à-dire deux mois après qu'il eut fait l'objet de ladite lettre de dénonciation. Ironie du sort, ce responsable avait de son côté quelques mois auparavant accusé six de ses plus proches collaborateurs de mauvaise gestion, lesquels avaient été blanchis par la justice en début de cette année après avoir été démis de leurs fonctions.