L'Etat, qui a pris sur lui la responsabilité de construire et de loger les Algériens, est peut-être appelé à réfléchir à d'autres voies et moyens à même de gérer de façon pragmatique le parc immobilier national. Les opérations de relogement riment-elles désormais avec émeutes ? On est forcé de le constater ces dernières années où chaque affichage de listes de bénéficiaires suscite la contestation des demandeurs dont le nombre dépasse et de loin les quotas réalisés. Et la question revient lancinante, comment faire dans un pays qui compte, et le dernier recensement de 2008 l'a encore confirmé, quelque 1,5 million d'appartements fermés et où un vaste programme d'habitat est engagé pour mettre un terme aux émeutes du logement ? Dans le cas des Eucalyptus ou celui de Fontaine-Fraîche, les contestataires qui ont été délogés de leurs maisons n'ont pas été relogés ailleurs comme prévu. À qui la faute ? L'administration, qui a visiblement pris à la légère la difficile question du relogement notamment dans une capitale où le nombre de demandes ne cesse d'augmenter, s'est trompée de liste. Résultat : la colère qui couvait depuis des années monte à la surface et transforme des quartiers paisibles en un terrain d'affrontements. L'intervention des forces de l'ordre a certes ramené le calme. Mais il appartient à l'administration de trouver définitivement une solution à ce problème qui semble s'éterniser en Algérie. L'Etat, qui a pris sur lui la responsabilité de construire et de loger les Algériens, est peut-être appelé à réfléchir à d'autres voies et moyens à même de gérer de façon pragmatique le parc immobilier national. Il faut dire également que l'absence d'une politique d'aménagement du territoire a eu comme conséquence la concentration des deux tiers de la population algérienne sur la bande du Nord. La suite on la connaît. Alger et les grandes villes étouffent sous le poids de l'explosion démographique qui accompagne souvent une augmentation de la demande en logements, alors que d'autres régions du pays sont victimes d'une situation d'abandon due notamment aux mouvements de population qu'a connus le pays depuis le début des années 1990 sous les effets de la violence terroriste. Il apparaît ainsi clairement que la problématique ne peut être résumée autour du seul principe de l'offre et de la demande.