Aucune ville d'Algérie n'est à l'abri. Les cartels de la drogue tentent de tisser, en vain, de véritables toiles en ce mois de piété pour écouler leur marchandise. À défaut d'alcool et de psychotropes, les jeunes tentent un autre substitut : le kif traité. La consommation de drogue fait des ravages pendant le mois de Ramadhan. Aucune ville d'Algérie n'échappe à ce phénomène, à commencer par la capitale et les villes environnantes. En panne d'approvisionnement pendant ce mois béni, les dealers constituent des stocks et ciblent leurs clients devant les mosquées et les cafés populaires. Les sites de distraction, abandonnés par les estivants, deviennent alors des lieux de prédilection où dealers et consommateurs se donnent rendez-vous après la prière des tarawih. Même si les prix sont revus à la hausse, le cannabis est plus que jamais “désiré” par les jeunes en quête “d'évasion”, sachant que, durant la journée, “ils tiennent le coup”. Difficilement bien sûr. Le plan d'attaque de la Gendarmerie nationale est clair. En sus du maintien du dispositif du plan Delphine, avec 40 000 hommes mobilisés, pour surveiller les sites touristiques, les routes, mais aussi les mosquées, une autre priorité a été inscrite dans ce programme : sensibiliser et convaincre les jeunes à arrêter la consommation de la drogue durant le mois béni, non sans s'attaquer aux noyaux durs de la criminalité qui résistent encore. Une aubaine pour les victimes de ce fléau dévastateur de faire une cure et, pourquoi pas, d'aller vers une l'ultime solution : la désintoxication. Samedi dernier, deuxième jour du week-end, lors d'une opération coup-de-poing dans la wilaya de Tipasa, les gendarmes ont arrêté six personnes, dont deux pour consommation de drogue sur la corniche du Chenoua. Lieu de rassemblement par excellence des familles et des touristes, cette corniche devient le point de chute des dealers et des consommateurs de stupéfiants. “Nous avons arrêté les deux personnes en flagrant délit. Les autres, à la vue des gendarmes jettent leurs cigarettes bourrées de kif traité dans la mer pour effacer toute trace. Ici, on consomme tout, drogue, psychotropes, alcool et tout autre produit prohibé. Souvent, les consommateurs ne sont pas seuls. Et c'est là que nous mettons le paquet. D'ailleurs, parmi les six personnes arrêtées, il y en avait trois qui étaient recherchées en vertu de mandats de justice et un agresseur notoire également recherché. C'est pour vous donner une idée, car là où il y a drogue, il y a armes et personnes recherchées. On a même saisi 4 sabres !”, nous explique un officier de la GN de Tipasa. Sur cette corniche dépourvue d'éclairage public, les dealers butent également sur El-Bedj où ils bénéficient de relais et de complicités pour s'approvisionner. Les quantités de drogues saisies étant insignifiantes, l'objectif tracé en ce mois de Ramadhan par la GN est d'aller vers ces jeunes consommateurs non encore engloutis dans le bourbier de la drogue. En manque d'alcool ou de psychotropes, ces proies faciles deviennent une “véritable machine à sous” pour les dealers et les narcotrafiquants qui tissent, même en ce mois de piété, de vastes toiles pour empoisonner des innocents. “Ces arrestations sont quotidiennes. Notre travail ne s'arrête pas au seul chapitre de réagir aux plaintes. Nous anticipons toujours. Nos barrages fixes et mobiles, en plus du travail de renseignements, ont donné de bons résultats sur le terrain”, conclut cet officier de la GN. Il faut savoir que 300 personnes sont arrêtées, pendant le mois du Ramadhan, pour consommation de drogue, produit dont il a été saisi des quantités inestimables sur le marché de la consommation.