Ankara ne sait plus à quel saint se vouer avec l'avertissement d'Obama de voir ses chances d'obtenir des armes américaines diminuer, en raison de ses positions vis-à-vis d'Israël et de l'Iran, alors que le numéro deux d'El-Qaïda a dénoncé les “liens” qu'entretient la Turquie avec Israël ainsi que son rôle en Afghanistan. Le président Barack Obama a averti le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, que les positions d'Ankara vis-à-vis d'Israël et de l'Iran pourraient diminuer ses chances d'obtenir des armes américaines. Selon le Financial Times d'hier citant un haut responsable du gouvernement américain : “Le président a dit à Erdogan que certaines des positions que la Turquie a prises ont suscité des questions qui vont être soulevées au Congrès.” Ce responsable, sous le couvert de l'anonymat, a ajouté que ces questions portent “sur la possibilité ou non d'avoir confiance dans la Turquie en tant qu'allié”. La même source explique que “cela signifie que certaines demandes que nous a formulées la Turquie, par exemple concernant la fourniture d'armement pour combattre le PKK, seront plus difficiles pour nous à faire passer au Congrès”. À en croire le quotidien, Erdogan envisage d'acheter des drones américains pour lutter contre la rébellion kurde du Parti kurde des travailleurs (PKK), qui a des bases à la frontière turque dans le nord de l'Irak, après le retrait américain de ce pays à la fin de 2011. Pour rappel, les Etats-Unis avaient exprimé leur déception après le vote négatif d'Ankara à l'ONU contre de nouvelles sanctions contre Téhéran, adoptées par le Conseil de sécurité en juin. Les relations entre la Turquie et Israël se sont par ailleurs sévèrement détériorées après le raid israélien contre une flottille d'aide humanitaire se dirigeant vers Gaza, le 31 mai, au cours duquel neuf Turcs ont été tués. Barack Obama a demandé à la Turquie de modérer ses propos concernant ce raid, lorsqu'il a rencontré M. Erdogan lors du sommet du G20 à Toronto en juin. D'un autre côté, le numéro deux de la nébuleuse El-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a dénoncé les “liens” qu'entretient la Turquie avec Israël ainsi que son rôle en Afghanistan, dans un enregistrement audio diffusé sur des sites islamistes. “Le changement se produira quand le peuple turc aura demandé à son gouvernement de cesser de coopérer avec Israël, de le reconnaître et d'envoyer ses troupes pour tuer des musulmans en Afghanistan”, a-t-il dit dans cet enregistrement, selon le centre de surveillance des sites internet islamistes, SITE. Le gouvernement turc “semble sympathiser avec les Palestiniens, faisant des déclarations (dans ce sens) et en (leur) envoyant de l'aide. Mais, en réalité, il reconnaît Israël, avec qui il fait du commerce, mène des entraînements militaires et partage des informations”, a affirmé al-Zawahiri. Ce dernier estime que tout en “faisant des déclarations critiquant les crimes israéliens contre les musulmans de Gaza (...), elle (la Turquie) commet des crimes similaires contre les musulmans en Afghanistan”. La Turquie entretient 1 835 soldats au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan et dirige des unités mixtes de combattants et d'ingénieurs pour la reconstruction dans une province afghane. En Afghanistan, les forces turques “assument la direction de (...) l'Otan participant au meurtre de musulmans et brûlant leurs villages et maisons”, a accusé Zawahiri. “Votre gouvernement joue un rôle fondamental en coopérant avec les Etats-Unis dans sa guerre contre l'islam. Il a arrêté plusieurs moujahidine (combattants) et les a remis à l'Amérique où ils sont torturés et condamnés à de longues années de prison”, a-t-il ajouté. Le peuple turc doit “s'opposer à ces crimes commis par votre gouvernement et votre armée contre l'islam et les musulmans”, a-t-il ajouté, estimant que “la Turquie laïque nous livre aux ennemis de l'islam”. Il y a lieu de rappeler que le numéro deux d'El-Qaïda, dont la tête a été mise à prix par Washington pour 25 millions de dollars, avait fait des déclarations similaires contre le gouvernement turc dans un message diffusé sur internet en juillet, appelant le “peuple turc” à “assumer sa responsabilité en forçant son gouvernement à arrêter de reconnaître ceux qui ont occupé la terre de Palestine”.