Les redoutables services secrets égyptiens, célèbres sous le nom de “Moukhabarate”, font peur à tout le monde, y compris au patriarche de l'Eglise copte, Chenouda III, qui a recommandé à ses fidèles de ne plus faire leurs confessions par le biais du téléphone, car leurs conversations sont enregistrées et peuvent les mener en prison. Selon le journal égyptien Al-Masri Al-Yom d'hier, le patriarche de l'Eglise copte d'Egypte, Chenouda III, a demandé à ses ouailles de ne plus se confesser par téléphone, afin d'éviter d'être entendues par les redoutables services de sécurité de l'Etat. “Attention à ne pas avouer vos fautes au téléphone, car toutes les conversations téléphoniques sont enregistrées par la sécurité de l'Etat. Après, vous seriez obligés d'aller chercher l'absolution auprès de la police en prison au lieu de l'obtenir de votre prêtre à l'église”, a averti le chef de l'Eglise copte, à en croire le quotidien indépendant égyptien. Même si le patriarche faisait en particulier allusion aux personnes ayant changé de domicile ou en voyage à l'étranger, son appel en direction de ses fidèles montre à quel point les “Moukhabarate” sont redoutés par tous en Egypte. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ce genre de recommandations à ses coreligionnaires, puisqu'il les avait déjà rappelés à l'ordre en 2008 sur les confessions par téléphone ou internet. À l'époque, Chenouda III avait affirmé qu'“une confession sur internet ne peut compter comme une confession, car tout le monde peut la voir et elle n'est plus secrète”. À signaler que les coptes représentent de 6 à 10% des 80 millions d'Egyptiens. Cela confirme que les puissants services de sécurité de l'Etat “Moukhabarate”, que dirige le général Omar Souleymane, qui constituent le principal appui du pouvoir égyptien, sont généralement très redoutés par la population. Cet avertissement direct est une confirmation des agissements des “Moukhabarate”, lesquels ne reculent devant rien pour contrôler la situation dans le pays. Il montre surtout l'étendue du contrôle et la grande puissance des services du général Omar Souleymane, dont le poids en Egypte est incommensurable. Il a notamment permis à Mohamed Hosni Moubarak, le raïs égyptien, de se maintenir au pouvoir depuis maintenant trois décennies, en réduisant pratiquement à néant l'opposition, qu'elle soit religieuse ou politique. Muselés, les Frères musulmans ont vu leur activité et leur influence rétrécir comme peau de chagrin. Quant aux leaders politiques — et Ayman Nour en sait quelque chose —, ils sont réduits à de simples figurants, comme en témoigne leur représentation insignifiante au Parlement, entièrement contrôlé par le parti au pouvoir le Parti national démocratique (PND), dont les rênes sont entre les mains du fils de Moubarak, Gamal. À titre d'exemple, tout candidat à une élection doit demander des signatures de soutien des élus du PND, car aucun autre parti ne peut remplir les conditions exigées en raison de sa faible représentation au Parlement ou au sein des autres institutions régionales ou locales. C'est dire l'emprise du clan Moubarak sur la vie politique en Egypte, avec bien sûr le précieux concours des “Moukhabarate”.