Au départ, la famille sacrée, évoquée dans sourate El-Ahzeb dans l'appel lancé au Prophète (P. et S. sur lui) déterminant les relations du Prophète avec ses épouses et les conduites que celles-ci doivent observer, était limitée strictement à ses épouses. Ali et Salmane el-Farissi dans la maison Le hadith a explicitement rajouté le nom de Ali, sa femme Fatma-Zohra et leurs deux enfants, El-Hassen et El-Houcine, ainsi que Salmane el-Farissi qui a servi loyalement le Prophète (P. et S. sur lui). Il va de soi que Khadidja, sa première femme, décédée trois ans avant l'hégire, ainsi que ses enfants, trois garçons morts précocement, El-Kassim, l'aîné, Abdallah surnommé Et-Taïeb et At-Tahir, et quatre filles, Zineb, Roukaïa, Oum Kaltoum et naturellement Fatma-Zohra, en font partie, que Dieu les agrée tous. Seule cette dernière, que Dieu l'agrée, qui avait laissé deux enfants derrière elle, avait survécu six mois à son père. Pas d'aumônes Au sens strict, ce sont les membres de la famille du Prophète (P. et S. sur lui), auxquels il faut ajouter Ali, ses deux fils, Ali et Salmane el-Farissi, que Dieu les agrée. Les sources sont partagées sur le nombre exact d'épouses légales et de concubines (ama) du Prophète en les situant généralement à onze et trois. Les membres de la famille sacrée recevaient des présents qu'ils pouvaient accepter ou refuser, mais jamais d'aumônes eu égard à leur rang à la manière du Prophète (P. et S. sur lui) qui donnait instruction à ses épouses ou ses filles pour que rien ne reste de ses présents à son domicile, ne serait-ce qu'un laps de temps. Les femmes du Prophète (que Dieu les agrée), qui lui avaient survécu et qui recevaient constamment des visites presque quotidiennes de la part de fidèles et de femmes, dans un cadre réglementé, utilisaient ces présents dans l'aide aux proches, aux nécessiteux, aux démunis et aux pauvres. De cette façon, ils ne possédaient jamais rien, mais ils n'étaient jamais dans le besoin non plus. Leurs visiteurs ou les mendiants ne repartaient jamais les mains vides. Le Prophète (P. et S. sur lui) ainsi que sa famille sont connus pour leur bonté et leur hospitalité. Cette modestie et cette simplicité leur procuraient une aisance et une mobilité dans la vie, ce qui leur permettait de se consacrer entièrement à leur religion et aux actions de bienfaisance. De plus, ils vivaient aussi du produit de leur travail. Toutes les femmes ayant survécu au Prophète (P. et S. sur lui) avaient servi la cause de l'Islam en laissant un héritage inestimable de références dans le rapport des hadiths et de comportement et de conduite. Toutes étaient des écoles vivantes en jouant leur rôle de mères des croyants en appliquant à la lettre les recommandations contenues dans les deux appels dans sourate El-Ahzeb, spécialement adressés à leur égard. Ni dinar ni dirham Le Prophète (P. et S. sur lui) disait que les prophètes n'héritaient ni dinar ni dirham. Les musulmans ont un devoir sacré envers les membres de la famille du Prophète en priant pour eux comme pour le Prophète (P. et S. sur lui) en prononçant à leur simple évocation la formule de prière consacrée, que Dieu les agrée. De plus, les musulmans sont tenus de placer l'amour de Dieu et de son Prophète (P. et S. sur lui) avant toute chose, partant de la conviction qu'aussi bien leur personne que leurs biens appartiennent à Dieu. C'est pour cela que les musulmans sont tenus de prier pour le Prophète (P. et S. sur lui), ainsi que les membres rapprochés de sa famille (que Dieu les agrée tous) pour que Dieu les élèvent davantage auprès de lui à chaque invocation et les croyants qui prient dans leur sillage. Celui qui entend le nom du Prophète (P. et S. sur lui) évoqué et qui ne prononce pas la formule de prière consacrée en ayant une pensée pieuse pour lui est un avare, dit le hadith. Modèle de transition Cette façon de voir, c'est-à-dire respect de la famille sacrée, d'un côté, avec ses prérogatives et ses limites, son honneur et sa haute considération et, de l'autre, une distinction dans la conduite des affaires politiques, avait permis une meilleure gestion de la période de transition et de la succession du Prophète (P. et S. sur lui) qui restera un modèle de gestion politique en Islam et une référence contre les idées déviationnistes. Elle s'appelle el-khilafa errachida, le califat ou succession bien guidée, faisant la part des choses entre la place de la famille sacrée et la chose publique. Si les membres arrivaient à exercer la gestion, ils tombaient sous le coup de la choura et du respect des choix du peuple et de la majorité. Le seul rang ne suffisait pas. Ainsi avait été le cas pour Ali, explicitement cité membre par le Prophète (P. et S. sur lui), pour lequel le principe de la choura lui avait été appliqué à la lettre. Avec la venue de la dynastie omeyade et l'apparition des chiites se précisent de nouvelles donnes sur la vision des deux courants de la famille sacrée et son rôle dans la vie, notamment politique. Ce qui allait suivre marqua la première dérive par rapport à cet âge d'or. S. B. E-mail : [email protected] Prochain article : Lorsque les politiques s'en mêlent