Les savants sunnites ont été unanimes pour l'élargir aux oncles paternels du Prophète (P. S. sur lui) sur la base du sang en incluant les descendants des Banou Hachem, notamment de son grand-père Abdelmoutalib, ouvrant la voie aux gourmandises des prétentions héréditaires, celles-là mêmes qui avaient été interdites au Prophète (P. et S. sur lui). La volonté divine a voulu que tous ses enfants mâles meurent avant lui en bas âge pour ne pas permettre un héritage dans la succession prophétique, Mohamed (P. et S. sur lui) étant le dernier des prophètes. Le lien du sang devient primordial Le grand cheikh Ech-Chafii, très suivi en Orient, avait rajouté des branches des Banou Hachem oubliés se basant uniquement sur l'affiliation du sang. Les savants avaient été, sans doute, animés de bonne foi en se basant en effet sur un autre verset qui institue et privilégie les liens de rapprochement de la famille par le sang à côté de ceux de sourate El Ahzeb qui délimitent et fixent les conditions des membres de la Maison du Prophète. Ainsi le noyau clairement défini de la famille restreinte au Prophète s'était trouvé très élargi en se passant des critères très stricts imposés aux membres de la famille, notamment aux épouses du Prophète (P. et S. sur lui). Il voulait redonner la place convenable à Koraïch, la tribu qui avait enfanté le dernier des Prophètes. Mais son interprétation par la suite à des fins de privilèges politiques, idéologiques, culturels et sociaux avait eu des effets multiples aux conséquences pas toujours souhaitées. Chez les sunnites Les membres de la famille sacrée (Que Dieu les agrée) sont ainsi arrêtés : - le Prophète (P. et S. sur lui), ses épouses et ses fils (filles et garçons) (Que Dieu les agrée), ainsi que leur progéniture ; - les membres cités dans le hadith mentionnant qu'Ali, sa femme et fille du Prophète, Fatma-Zohra et leurs deux fils El-Hassan et El Houssine (Que Dieu les agrée), et leur progéniture ainsi que Salmane El-Farissi en font partie ; - les membres de la famille des Banou Hachem, l'arrière grand-père du Prophète au nombre de six issus de son grand-père Abdelmoutaleb : les membres des fils de son oncle Abou Taleb, dont Ali et ses frères Djaafar et Oukil, les membres de la famille de son oncle El-Abass, les membres de son oncle Abi Lahab, et les membres de son oncle El-Harith. Il va de soi que les oncles ou leurs fils morts mécréants comme Abou Taleb (malgré le soutien apporté au Prophète) et Abi Laheb (son ennemi juré) en sont exclus. Leur progéniture jusqu'à la fin des temps est considérée comme faisant partie de la famille. Chez les chiites Les chiites considèrent qu'il y a deux catégories de membres : 1- La première est strictement limitée au Prophète (P. et S. sur lui), sa fille Fatma-Zohra, ses fils El-Hassan et El-Houssine et son mari Ali. (Que Dieu les agrée). Seuls les descendants des fils de Ali et Fatma-Zohra sont aptes à succéder à la direction spirituelle et politiques des musulmans. Ils se réfèrent au Hadith dit de l'habit du Prophète jeté sur Ali, sa femme et ses deux fils en disant que ceux-là sont de la maison. Ils l'interprètent à leur manière en excluant les autres. Les chiites considèrent que l'oncle du Prophète et père de Ali, Abou Taleb comme croyant et l'intègrent à la famille à l'exception des autres oncles. 2- La deuxième, accordée à titre honorifique, englobe les membres de la famille des Banou Hachem auxquels l'aumône est interdite. C'est ainsi que les chiites ignorent superbement les autres épouses du Prophète (P. et S. sur lui) dont la grande Aïcha, (Que Dieu l'agrée), ainsi que les grands califes à l'exception de Ali (Que Dieu glorifie son visage et l'agrée). Voilà pourquoi des courants politiques se réclamant du sunnisme et sous l'influence sans doute du développement du chiisme rampant, ont outrepassé le cadre laissé par les grands califes en recourant eux aussi à l'utilisation de la famille sacrée pour justifier leur légitimité et imposer leur hégémonie. L'utilisation politique L'utilisation de la référence à la famille sacrée et à sa descendance ainsi élargie s'était développée à un rythme accéléré avec la venue de la dynastie des Omeyyades, ouvrant la voie à des combats idéologiques et se traduisant souvent par des violences meurtrières et des vengeances terribles entre clans. Le califat devient une affaire de famille et non une question de choura. à l'ombre de ces contradictions s'était développé le courant chiite s'efforçant de restreindre le jeu et limiter l'héritage de la famille à la seule famille de Ali avec sa femme Fatma-Zohra et leurs deux fils Hassan et El-Houssine (Que Dieu les agrée) et le droit absolu de l'héritage de la direction idéologique et politique à leur seule progéniture. C'est pour cela, il faut jeter l'éclairage d'abord sur la dernière fille du Prophète, Fatma-Zohra, (Que Dieu l'agrée), l'une des quatre dames universelles du Paradis, le nœud de la question, réclamée par les deux clans, sunnite ou chiite ? Ce sera notre prochain article. S. B. email : [email protected]