Le ministre des Affaires étrangères s'est impliqué ouvertement dans la bataille qui oppose les pro et les anti-Benflis et chapeaute, désormais, le groupe qui veut faire un putsch pour destituer le secrétaire général du FLN. M. Belkhadem ne mesure-t-il pas l'importance de son poste qui a une portée internationale ? C'est la réputation de l'Algérie et celle de son peuple qui sont en jeu. La scène politique nationale est en pleine ébullition. Le président de la République légifère par ordonnance. Le nombre de celles-ci est de onze. Les observateurs de la scène politique relèvent une dérive du premier magistrat par rapport aux prérogatives que lui confère la Constitution. Ils considèrent que, par cette manière de faire, le Président ne reconnaît pas l'Assemblée nationale. Il semble aussi que le Président est prêt à la dissoudre si les députés à majorité FLN votaient contre ses projets. En effet, toute loi légiférée par ordonnance doit être obligatoirement approuvée ou refusée par la majorité des siégeants sans pour autant être discutée en plénière et le vote se fait à main levée. S'ajoute à cela le remaniement du gouvernement opéré sans que Ali Benflis ni ses ministres déchus, soient avertis, comme il est d'usage. Ils l'ont appris par le biais des médias lourds. Les députés du FLN considèrent que c'est une aberration et une dérive de la part du président de la République qui abuse de ses pouvoirs conférés par la Constitution. On ne légifère par ordonnance, seulement s'il y a urgence. “Il y a abus de pouvoir. Le conseil constitutionnel pourrait être saisi.” Ils considèrent que c'est une honte que le ministre d'Etat, qui représente diplomatiquement l'Algérie au niveau international, s'érige en leader de ceux qui veulent faire un putsch contre un parti légal et reconnu par le ministère de l'Intérieur. Parlant de l'éventuelle dissolution de l'APN, les élus du FLN ne semblent pas inquiets. “Nous sommes élus par le peuple et pour le moment nous faisons notre devoir normalement et dans la légalité”, affirment-ils. Pour leur part, les députés du MSP, se prononçant sur l'attitude du ministre des Affaires étrangères, estiment qu'ils n'ont pas à s'immiscer dans les affaires internes d'un parti. “Belkhadem est un militant du FLN et c'est une affaire qui regarde le parti”. Néanmoins, ils relèvent un manque de tact et de pudeur politique de la part du ministre et du Président. Parlant de l'éventuelle dissolution de l'Assemblée, les élus du MSP y sont favorables. Ils s'expliquent : “Lors des dernières élections législatives, il y a eu fraude et nous avons été lésés.” Par ailleurs, ils redoutent des problèmes, la semaine prochaine, au niveau de l'Assemblée, compte tenu de toutes les ordonnances qui seront soumises au vote. De leurs côtés, les élus du parti El-Islah considèrent que l'on assiste à une prise en otages des institutions de l'Etat. Tout cela ne sert pas l'intérêt de l'Algérie. “On constate que les walis, les chefs de daïra sont en état d'alerte, car chacun ne sait pas le sort qui lui est réservé. Les répercussions peuvent déstabiliser les institutions-mère de l'Etat et par conséquent, l'Etat dans ses fondements”, estiment-ils. Evoquant la crise que traverse le FLN et les onze ordonnances soumises au Parlement par le Président, les élus d'El-Islah rappellent la crise que l'ex-parti Ennahda a traversée. “Nous, nous avons tranché et créé un autre parti sans pour autant impliquer les institutions de l'Etat”, rappellent-ils. Concernant le premier magistrat du pays, ils déclarent : “Par sa conduite, nous concluons que le Président fait fi de l'APN et la considère comme dissoute de fait.” Le parti El-Islah précise qu'il étudiera soigneusement toutes les ordonnances et qu'il votera pour celles qu'il considère conformes à son programme et à ses idées. M. B.