Grève des intendants, menaces des syndicats et avertissement du ministre : tous les signes sont là pour annoncer une rentrée scolaire plutôt houleuse. À peine la reprise administrative des établissements scolaires effectuée qu'un débrayage se pointe. cette fois-ci, ce n'est pas le corps enseignant qui proteste mais les économes ainsi que les intendants des établissements moyens et secondaires qui ont commencé leur première semaine de grève reconductible. Ils reprochent au ministre leur exclusion de certaines indemnités dont ont bénéficié les autres corps de l'éducation et réclament également la révision de leur statut particulier. Selon les syndicalistes, rien n'a réellement changé cette année, bien au contraire, les problèmes socioprofessionnels se sont amplifiés. “Au lieu d'apaiser la tension qui existe dans son secteur en appelant au dialogue, M. Benbouzid n'a pas trouvé mieux que les menaces pour entamer la rentrée scolaire. Son discours est un total ratage. depuis le temps, il n'a pas encore compris que ces méthodes ne fonctionnent plus”, ont fait remarquer les syndicalistes que nous avons rencontrés. En effet, le ministre de l'Education pour sa première sortie – à l'occasion de la rencontre avec les directeurs de l'éducation des wilayas de l'Est – n'a pas été apaisant. Le 26 août, il avait averti que tout enseignant et tout surveillant qui cumulerait plus de trois absences non justifiées serait licencié de son poste. Le ministre a aussi fait part de la nécessité pour l'éducation de lutter contre ce qu'il appelle l'“absentéisme” et envisage de revoir les textes afin de se doter de moyens légaux dans le but de sanctionner plus sévèrement les absences irrégulières. Ces mesures annoncées à la veille de la rentrée ne sont pas du goût des syndicalistes. Ils estiment que cette décision n'est pas compatible avec les lois de la République et les lois régissant la Fonction publique. “Dans notre parcours professionnel et de par le monde, nous n'avons jamais eu vent de l'exclusion d'un enseignant après trois absences”, s'est insurgé M. Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), avant d'ajouter que “si M. Benbouzid fait allusion aux mouvements de débrayage, je lui rappelle que la grève est un droit constitutionnel”. Le patron du Snapest fait observer que toutes les grèves enregistrées dans le secteur étaient une réponse à des injustices de la part de l'administration publique et elles étaient d'ordre purement socioprofessionnel. Même son de cloche du côté de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) qui estime que l'objectif du ministre à travers ces nouvelles directives est de réinstaller la peur chez les enseignants et de gérer les mouvements de grève par les intimidations. “Du point de vue de la loi, les directives du ministre ne sont pas réglementaires, car il existe en Algérie des textes de loi qui gèrent les absences. Pour ce qui est de la gestion des grèves, M. Benbouzid est en train de remettre en cause le droit de grève et l'activité syndicale”, a contesté M. Amraoui, représentant du syndicat de l'Unpef. S'agissant des revendications des enseignants, les syndicats désapprouvent le ministre lorsqu'il parle de la satisfaction totale des revendications du corps enseignant. “Le ministre a évoqué le régime indemnitaire, cette revendication a été arrachée à la suite de la lutte des travailleurs du secteur. Où sont les engagements du ministre par rapport aux modifications du statut des enseignants, sur la retraite, les œuvres sociales ?” s'est-il interrogé. Il est persuadé que si la tutelle favorisait réellement le dialogue et tenait ses promesses, les enseignants n'auraient pas recours au mouvement de contestation. Pour le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), les décisions prises par M. Benbouzid n'ont aucun sens et ne prennent nullement en charge les véritables problèmes auxquels sont confrontés les enseignants. Pour Boudiba du Cnapest, le département de Benbouzid devrait écouter le partenaire social et l'associer à toutes les décisions s'il veut garantir une année scolaire apaisée.