Après trente jours d'abus, la table bien garnie se voit repoussée quelque temps. Le croissant-crème se fait bourratif. Midi sonnant, faut bien se trouver quelque chose à mettre sous la dent. Et voilà que surgissent les envies de légers en-cas, sur le pouce, combler un creux... Rush sur les sandwiches ! Hélas, souvent, trop souvent, cette préparation est galvaudée au rang de lest d'estomac. Le sandwich, dont l'historiographie alimentaire européenne prête la naissance et la paternité à un comte britannique, en 1762, est un véritable art dont la genèse remonte à beaucoup plus loin que le noble anglais. Ce dernier a donné son nom à une forme de sandwich, le Club Sandwich, qui par la suite s'étalera à toute ces préparations que nous connaissons aujourd'hui sous cette appellation. Ses descendants feront fortune dans le commerce de ces “deux tranches de pain, entre lesquelles sont placés des morceaux de viande froide et du fromage”. Aujourd'hui encore, la onzième génération est dans la restauration rapide et clame dans un élan de probité : “Notre aïeul n'a peut-être pas inventé le sandwich, mais il en a immortalisé le nom.” Sandwiches et sandwiches La cuisine universelle recèle bien des spécialités sous la forme de tranches de pain entre lesquelles sont mis divers aliments froids ou chauds selon la fortune. Nos habitudes de table ont peu utilisé cette forme. La mode du sandwiche moderne n'est apparue que ces dernières décennies, on disait plutôt casse-croûte. Apanage des rôtisseurs, l'apprêt désignait surtout un morceau de pain contenant brochettes et merguez. S'en suivront la calientica, les frites, l'omelette-frites, le chawarma, etc. Souvent fourré, le sandwiche du commerce est peu souvent digeste. Pourtant, il suffirait de presque rien pour le transformer en délice et vrai repas. Pour cela, les spécialistes recommandent une fraîcheur inconditionnelle des éléments. D'abord le pain, croustillant avec une belle mie, du beurre ou de l'huile d'olive, de la salade croquante, des tranches de tomates fermes et mûres, des oignons finement coupés… Sur lesquels s'ajouterait le constituant principal de l'apprêt : viande, volaille, poisson, fromage, œuf. Le tout agrémenté de cornichons, câpres, olives, herbes aromatiques, ail, moutarde… Rien à voir avec le pain mou et élastique, les frites froides, mal cuites et dégoulinantes d'huiles… additionnées d'une douteuse mayonnaise. RECETTE Prenez du bon matlo', frottez la croûte d'ail, coupez-y des triangles que vous ouvrez en deux, imbibez la mie d'une bonne huile d'olive, commencez par disposer sur une des tranches une belle feuille de laitue, une rondelle de belle tomate mûre et ferme, puis quelques tranches d'aubergine ou de courgette grillées, quelque fragment d'un fromage de votre choix, parsemez d'oignon et de persil hachés, posez sur le tout une seconde tranche de pain et délectez-vous. Momo [email protected]