Le ministère de la Santé a délivré 5 519 autorisations de programmes d'importations de médicaments pour 2010. Toutefois, des opérateurs pharmaceutiques, entravés par le crédit documentaires, n'ont pas réussi à réunir les fonds pour honorer leurs engagements. Des dysfonctionnements dans la chaîne de distribution induit aussi les états de pénuries. Le crédit documentaire, institué par la loi de finances complémentaire 2009, comme préalable à toutes les importations, y compris celle des médicaments, constitue l'un des facteurs ayant conduit à la pénurie des produits pharmaceutiques, qui a marqué l'actualité de l'été 2010. “C'est une disposition contenue dans une loi de la République, à laquelle tout le monde doit y soumettre”, commente le Dr Hamou Hafed, directeur de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. De son avis, les récriminations des opérateurs pharmaceutiques, qui rendent le crédidoc responsable des difficultés qu'ils ont rencontrées dans l'importation des médicaments, n'ont pas lieu d'être. Il indique que le département de tutelle a délivré, en 2009, exactement 5 519 autorisations de programmes d'importation prévisionnels pour 2010. “Au-delà d'un délai de trois mois et un jour, la non-disponibilité d'un médicament est imputable à l'opérateur qui s'est engagé à le fournir”, explique notre interlocuteur. Il se trouve que de nombreux importateurs n'ont pas réussi à réunir les fonds nécessaires pour honorer leurs contrats. Ce qui a induit la rareté, voire le manque de certains produits, sur le marché national. “Les opérateurs, qui ont pris des engagements en fonction de leurs capacités financières, n'ont pas eu de difficultés à ramener leurs médicaments”, affirme le Dr Hamou Hafed. “Le ministère de la Santé se doit de garantir la disponibilité des médicaments, mais en réglant les problèmes à la source”, poursuit-il. Les importateurs devront-ils désormais justifier de leurs ressources financières avant d'obtenir l'autorisation de programmes d'importation ? Le cadre du département de Djamel Ould-Abbès ne confirme ni n'infime cette supposition. Il est seulement avéré que les médicaments hospitaliers ne devraient plus souffrir de pénurie dès que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) obtienne, par force de loi, la quasi-exclusivité de l'approvisionnement des établissements publics de santé. Autre facteurs de pénurie, selon le Dr Hamou Hafed, la tendance de certains praticiens de la santé à prescrire des médicaments qui n'existent plus sur le marché, soit parce qu'ils sont dépassés par les progrès faits dans le domaine de développement de nouveaux traitements, soit parce qu'ils ont perdu leur plus-value. “Souvent, on reçoit des états de manque de marques et non pas de DCI (dénomination commune internationale, ndlr)” explique notre interlocuteur. Il parle aussi de dysfonctionnements dans la chaîne de production. Le gouvernement interdit l'importation de tous les médicaments fabriqués localement. Des producteurs font face, régulièrement, aux contraintes de l'approvisionnement en matière première. Ils cumulent alors les retards sur les délais de livraison de leur marchandise. “Quand il y a défaillance d'un produit par un fabriquant local, on le ramène là où il existe”, surenchère le directeur général de la PCH, qui déplore, dans le sillage, la faiblesse de visibilité dans la prévision des besoins. Ce qui empêche les organismes compétents à se programmer en conséquence.