À quelques semaines des élections législatives de mi-mandat, qui se tiendront le 2 novembre et qui pourraient le priver de majorité au Congrès, le président américain a défini jeudi, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, “sa” priorité en matière de politique étrangère : le processus de paix au Proche-Orient. Ce faisant, Barack Obama a retrouvé quelque peu les accents perdus de la campagne présidentielle au cours de laquelle il avait promis de faire de ce dossier l'une de ses priorités. Contrairement à son discours de l'année dernière à la même occasion et dans la même enceinte, le locataire de la Maison-Blanche a évité de se disperser en abordant des sujets aussi divers que le multilatéralisme, l'économie mondiale ou l'état de la planète. Il a centré son intervention essentiellement sur le processus de paix israélo-palestinien, faisant preuve d'un optimisme mesuré, mais surtout de volonté de tout entreprendre pour le faire aboutir. Il a notamment lancé un appel en faveur d'un soutien international au processus. “Si nous le faisons tous, quand nous reviendrons ici l'année prochaine (…) il y aura un nouveau membre des Nations unies, l'Etat souverain et indépendant de Palestine, vivant en paix avec Israël”, a-t-il déclaré devant les représentants de quelque 140 chefs d'Etat et de gouvernement. Barack Obama a formellement relancé les négociations israélo-palestiniennes en accueillant le 2 septembre passé à Washington le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Tout comme jeudi dernier à New York, il avait alors réaffirmé l'objectif fixé par le Quartette sur le Proche-Orient, à savoir un accord de paix entre les deux parties d'ici un an. Voulant réaffirmer son rôle de leader dans cet épineux dossier, il a interpellé la communauté internationale qu'il a voulu rappeler à ses devoirs. “Nombreux dans cette salle sont ceux qui se rangent parmi les amis des Palestiniens. Mais les promesses doivent maintenant être suivies de faits. (…) Et ceux qui parlent haut et fort en faveur de l'autonomie palestinienne doivent apporter un soutien politique et financier à l'Autorité palestinienne”, a-t-il déclaré, sans omettre d'inviter les pays arabes à normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu. L'ennui pour Barack Obama, mais surtout pour les Palestiniens, c'est que les initiatives de paix souffrent toujours de contingences politiques défavorables ou de calendriers inappropriés. L'arrivée à la Maison-Blanche du premier président noir des Etats-Unis, qui a suscité tant d'espoir chez les Palestiniens, a été suivie quelques semaines plus tard de l'avènement du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël. Tant et si bien que tous les efforts du locataire de la Maison-Blanche et de son émissaire spécial, George Mitchell, pour relancer le processus de paix, se sont avérés vains. Lorsqu'enfin le principe de la reprise des négociations a été arraché, ce sont les aléas du calendrier, ajoutés à la mauvaise foi évidente du gouvernement israélien, qui pourraient provoquer un nouveau coup d'arrêt. Les pourparlers sont suspendus à la décision israélienne de prolonger ou non le moratoire sur les constructions de colonies en Cisjordanie. Or, ce moratoire prend fin le 30 septembre, Israël ne semble pas enclin à le prolonger et l'Autorité palestinienne en fait une condition non négociable pour poursuivre les discussions. Le président américain, conscient que le calendrier établi le 2 septembre, qui prévoit des rencontres tous les quinze jours entre responsables palestiniens et israéliens, est menacé, a rappelé la position du Quartette et des Etats-Unis à ce sujet. “Notre position sur cette question est bien connue. Nous pensons que le moratoire doit être prolongé”, a-t-il dit. Reste à savoir quels sont les moyens de pression dont dispose Barack Obama pour faire entendre raison au gouvernement israélien, et s'il est prêt à en faire usage. La question est d'autant plus cruciale que dans les faits, les colonies juives en territoire palestinien sont implantées de telle sorte qu'il n'y a plus de continuité de ce territoire. En fait, si ces colonies devaient être représentées par de l'eau sur une carte, les territoires palestiniens ressembleraient à une presqu'île. Peut-on parler, dès lors, d'un Etat palestinien fiable ?