Face au désastre de sa politique, l'Administration Bush s'est lancée dans une offensive diplomatique visant à associer les pays arabes jugés modérés à la stabilisation de l'Irak et semble déterminée à peser davantage sur le conflit israélo-palestinien ! Le président américain sera à Amman mercredi prochain alors que le vice-président, Dick Cheney, était vendredi en Arabie saoudite pour inviter ses dirigeants à user de leur influence auprès de la communauté sunnite, qui fournit le gros des effectifs de la guérilla irakienne. En Irak, c'est l'horreur au quotidien, chaque jour avec son lot d'attentats plus meurtriers que celui de la veille. Ce sont des carnages sans précédent. Cette situation, plus la défaite républicaine aux élections de mi-mandat, largement imputée à la situation en Irak, a contraint Bush à entamer un réexamen de sa stratégie. À Londres, comme dans la plupart des capitales européennes, on lui a suggéré de s'investir également dans le règlement du conflit israélo-palestinien, qui nourrit l'islamisme politique radical. Par ailleurs, mêmes ses partenaires ou des membres de l'équipe de son père, tels que l'ancien secrétaire d'Etat, James Baker, qui copréside un groupe d'étude sur l'Irak, où Robert Gates, successeur de Donald Rumsfeld à la tête du Pentagone, partagent ce point de vue. Bush semble ainsi s'investir dans un dialogue multilatéral sur le Proche-Orient, note David Rothkopf, chercheur à la fondation Carnegie pour la paix, selon lequel la stabilité de l'Irak dépend de celle de la région tout entière. Tous les problèmes du Proche-Orient sont liés et on ne peut en résoudre un sans régler les autres, a toujours défendu la Ligue arabe. Bush a sollicité l'aide d'Amman, de Riyad ou du Caire pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien et les partisans d'un dialogue avec la Syrie et l'Iran, puissances régionales incontournables, se montrent de plus en plus insistants au Congrès. À l'occasion de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, en septembre dernier, le président américain s'était engagé à faire de la relance du processus de paix au Proche-Orient l'une des priorités de la fin de son mandat et a confié ce dossier à la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice qui multiplie ses navettes dans la région. Bush, privé de l'appui du Congrès et de la Chambre des représentants (Sénat), n'est plus aisé de négocier en position de force. D. B.