Le programme d'éradication de l'habitat précaire englobe près de 50 000 logements dont plus de 10 000 seront livrés avant la fin de l'année en cours. Tous les sites recensés en 2007 sont concernés par le relogement. Priorité est donnée aux immeubles menaçant ruine, aux bidonvilles et aux chalets. La seizième opération du programme de relogement, lancé par la wilaya d'Alger depuis mars de cette année, a concerné 465 familles des chalets du site Chabou à Dergana dans la commune de Bordj El-Bahri. Les difficultés d'accès aux camions, et dans le souci d'éviter des problèmes de circulation, ont contraint les autorités à programmer l'opération dès la mi-journée de samedi qui s'est poursuivie jusqu'aux premières heures de dimanche. Les familles ont été dispatchées sur les sites des 1 680 logements de Birtouta et du désormais grand pôle urbain de Aïn Melha dans la commune de Gué-de-Constantine, qui compte près de 3 500 logements de différentes formules (social, LSP et location-vente). L'opération conduite par la Direction du logement a nécessité la mobilisation de 950 camions et 2 000 ouvriers des Epic de la wilaya sur les deux sites de départ et d'accueil, encadrés par des responsables des OPGI concernés, en présence des walis délégués de Dar El-Beïda, Hussein-Dey, Sidi-M'hamed, Bir-Mourad-Raïs, Bab El-Oued et Bouzaréah. Contrairement aux précédentes, cette opération s'est déroulée dans le plus grand calme. Les rares recours ont été pris en charge sitôt déposés par les requérants. Abordant le sujet avec Mohamed Smaïl, directeur du logement, ce dernier a tenu à rappeler que “tous les recours sont étudiés avec la plus grande attention. D'ailleurs le taux est généralement faible. À titre d'exemple, sur 1 500 recours, une quinzaine est prise en considération”. Revenant sur la question des contestations enregistrées à la suite de chaque relogement, il précisera que “ce phénomène s'explique plutôt par l'engouement des citoyens à trouver un logement. Autrement dit, les familles après une attente de plusieurs années, pour ne pas dire des décennies, saisissent ces occasions pour prétendre à un logement, ce qui est dans un sens légitime”. Cependant, le responsable déplore l'état d'esprit de certains citoyens caractérisé par l'impatience et le manque de compréhension. “Les opérations de relogement sont complexes et demandent du temps pour une concrétisation harmonieuse. Le programme initié et suivi par la wilaya est important et diffère totalement des opérations sporadiques du passé. Ce qu'il faut savoir, c'est que le programme annoncé par le wali d'Alger, et qui a démarré en mars dernier, se poursuivra normalement et conformément au planning tracé dans ce cadre. Par contre, il est inadmissible que des citoyens entravent la bonne exécution de ce programme en mettant la pression sur les structures chargées de le concrétiser”, fait observer Mohamed Smaïl. Il est utile de rappeler à cet effet que la wilaya doit faire face à un autre volet et non des moindres, à savoir le relogement des habitants des IMR (immeubles menaçant ruine) et dont le nombre dépasse actuellement 700 familles. La priorité se fait pressante d'autant plus que la saison hivernale approche, rendant encore plus vulnérables les vieilles bâtisses. D'un autre côté, l'habitat précaire constitué dans sa majorité de baraques est aussi fragile durant cette période de l'année. Lorsqu'on sait que le plus grand bidonville de la capitale et probablement de tout le pays, le fameux quartier Remli dans la commune de Gué-de-Constantine, compte pas loin de 10 000 baraques, on peut aisément imaginer les efforts que va déployer l'Etat pour son éradication. Et ce n'est qu'un exemple. Comme l'a exprimé à maintes reprises le wali, Mohamed Kebir Addou, le programme relatif à l'habitat précaire sera, conformément aux instructions du président de la République, réalisé complètement. “Il y a toutefois des procédures dont il faut tenir compte pour éviter de tomber dans l'anarchie et l'abus non souhaité. Le recours à des pratiques illégales ne sont pas indiquées pour entretenir les bonnes relations Etat-citoyens”, a-t-il averti. Avec l'opération de samedi, 8 216 familles ont été relogées depuis mars dernier. Les bidonvilles de Diar Es-Chems, Zaâtcha, Doudou-Mokhtar, Haouch-Mihoub, Chéraga, Staouéli (près de Club-des- Pins), Fontaine-Fraîche, Diar El-Kef, La Baucheraye, El-Djazira, et bien d'autres encore, qui faisaient la honte de leurs localités ne sont plus qu'un mauvais souvenir. Le programme annoncé par le wali d'Alger concernant le relogement de 10 000 familles avant la fin de l'année est presque bouclé. Le mois prochain, d'autres sites seront pris en charge, confie notre source. Il s'agit certainement des chalets de Bordj El-Bahri, du quartier El-Afia et Diar El-Baraka. “Diar Es-Chems, Diar El-Kef et bien d'autres sites seront relogés, chacun son tour, c'est une question de programmation”, confie la même source.